Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

De l'humain au surhumain

L'humanité n'est évidemment pas une fin en soi, mais seulement un moyen au service de l'accomplissement du Réel et, plus spécifiquement, l'ustensile d'émergence de l'Esprit sur Terre. Selon les expressions de Nietzsche, l'humain est "quelque chose qui doit être surpassé", "un pont et non un but", "une corde tendue entre l'animal et le surhumain". L'humain doit respecter la Matière et la Vie (écologie). L'humain doit assurer sa Matière et sa Vie (économie). L'humain doit engendrer l'Esprit en spiritualisant et en sacralisant la Matière et la Vie (noologie). Ce troisième devoir est la vraie et centrale mission de l'humain. L'existence sociétale n'a qu'une seule dimension : l'économie humaine. Produire sainement et distribuer frugalement tout ce dont chacun a besoin (matériellement et immatériellement) pour accomplir sa vie spirituelle en félicité (qui est la "vie surhumaine"). Tout n'est qu'économie ! Toutes les autres dimensions de la vie collective doivent être mise au service de cette économie humaine. Tout le reste est soit bavardage inutile, soit dévoiement fallacieux. L'humain actuel (encore très majoritairement un animal-humain) n'est qu'un brouillon malhabile de l'homme accompli et authentique de demain, qui sera surhumain. * * *

"Ecosophie" de Michel Maffesoli - Notes de lecture

La nature de la Nature … Quelle est la nature de la Nature ? Qu'est-ce que la naturalité ? D'après l'étymologie, la Nature c'est ce qui est en train de naître (participe futur du verbe nascor) … La Nature, c'est ce qui est naissant, éternellement naissant. La nature de la Nature, c'est de naître éternellement ! * La Culture ne remplace ni ne subjugue la Nature ; la Culture couronne la Nature. * Le Réel. Rien que le Réel ; tellement au-delà de l'humain et de ses gesticulations politiques, économiques, sociales et culturelles qui ne sont que des apparences, des épiphénomènes, des miroitements de vaguelettes à la surface de l'océan. * Le rôle de l'Intelligence (de l'Intelligence noétique, s'entend) qui émerge seulement parmi les humains, sera de sacraliser et de spiritualiser le Réel dans toutes ses composantes : Matière, Vie et Esprit. * Pourquoi donc ne veut-on pas voir que l'humanité vit une scission et une sécession fondamentales entre le crétinisme populaire coincé dans le "panem et circenses" (menée par des "élites" démagogiques autoproclamées) et l'aristocratisme spirituel porté par l'intellectualisation sacralisante du Réel. Pourquoi nie-t-on que l'humain aussi vit et connaît des effets de seuil ? La Matière est sortie de la Hylé par un bond faramineux. La Vie est sortie de la Matière par un bond encore plus faramineux. L'Esprit est en train de sortir de la Vie par un bond colossal qui laissera la grande majorité des humains sur la touche. C'est cela même la logique de l'émergence ! * Le mythe de Prométhée est le socle basal de tout progressisme … Et ce mythe mène, aujourd'hui, au pillage et au saccage de toute Matière, de toute Vie et de tout Esprit … au profit de parasites humains, puérils et capricieux, qui ne rêvent que de "panem et circenses". * Le passé est un patrimoine et le futur est une volonté. Le présent met en œuvre ce patrimoine pour réaliser cette volonté ; et il s'appuie, pour ce faire, sur deux tensions, l'une territoriale (entre ouverture et fermeture), l'autre organisationnelle (entre rigidité et créativité). * Dans l'acte naturel, le sperme masculin est fécondant et l'utérus féminin est fécondé. Dans l'acte culturel, la parole féminine est fécondante et l'esprit masculin est fécondé. Tant dans la Genèse que dans la Théogonie, c'est la femme (Eve ou Pandore) qui initie l'homme aux Mystères de la Connaissance. C'est encore la mère qui enseigne les rudiments du langage, de la politesse et du savoir-vivre à ses enfants. Il ne s'agit pas d'interpréter ces relations du masculin et du féminin comme des signes de supériorité ou dominance de l'un sur l'autre, mais, tout au contraire, d'en souligner la radicale complémentarité tel que l'a voulu ce coup de génie de la Nature appelé "différenciation sexuelle". * Les mouvances LGTB veulent, à tout crin, éliminer le fait naturel biologique et le remplacer par le fantasme culturel psychologique. C'est une totale imbécillité : on ne peut pas vivre contre-nature puisque c'est la Nature qui fait la Vie. * Quelque artificielle puisse-t-elle être, toute dualité sépare deux camps qui, lorsque le conflit survient entre eux, n'ont que cinq scénarii disponibles : 1. A écrase B 2. B écrase A 3. A et B s'éloigne loin l'un de l'autre 4. A et B négocient un compromis plus ou moins durable 5. A et B construise C qui les absorbe tous deux complètement. C'est évidemment ce cinquième scénario qui aurait la préférence du bon sens, de la raison et de l'intelligence ; c'est cependant lui que les humains utilisent le moins … sans doute parce que le dualisme et le conflit sont un jeu plus stimulant que la complémentarité, la complicité, l'amitié et la fraternité reconstruites dans la paix et la concorde. * Sans dualité et sans conflit – le plus souvent imaginaires -, il ne peut plus y avoir d'idéologie, … donc de quête, de combat, de victoire ou de gloire. * En fait, l'immense majorité des humains détestent la paix et la concorde ; ils préfèrent la "bagarre" et s'invente, pour cela, toutes les arènes imaginaires possibles. Le wokisme actuel en est le plus débile démonstration. * Le grand drame des humains est de confondre la dualité qui sépare et la bipolarité qui complémentarise. * Mon ami Michel Maffesoli parle parfaitement de la "grégaire solitude" qui caractérise la ville moderne et il confirme mon aphorisme : "la promiscuité tue la proximité". * Vivre le Réel au présent, sans recours aucun à quelque idéal, à quelque idéologie, à quelque utopie que ce sont, n'implique pas du tout, bien au contraire, une très vigilante lucidité sur les dysfonctionnement, les pannes, la maladies de ce Réel "Réel" et "Perfection" ne sont en rien synonymes. Le Réel est ce qu'il est et va comme il va … avec ses forces et ses faiblesses, ses sublimités et ses médiocrités, ses lumières et ses pourritures. Vivre ce Réel tel qu'il est et va, ne consiste pas à renoncer à toute exigence et à sombrer dans le gâtisme du "tout le monde il est beau, tout le monde est gentil". Dans la réalité du Réel, 85% des humains sont des crétins patentés qui baignent dans la médiocrité de leur "panem et circenses" ; et il n'y a pas à vouloir les aider ou les changer au nom de quelque idéal que ce soit. Ils croupissent, c'est leur droit ; qu'ils continuent de croupir … ils ne demandent que cela et le rôle majeur de la politique et de l'économique, c'est de les y aider. * Si le Réel est bien la vraie réalité et si l'on veut être cohérent avec ce réalisme, il est indécent de faire appel à quelque idéal de solidarité, d'humanité, de compassion, de charité, de justice, de pitié, …. que ce soit. Le Réel est tel et il faut accepter et assumer qu'il soit tel. * Face à la forte médiocrisation ambiante, il faut prendre ses responsabilités : la fuir ! * Il ne faut pas dire : "J'ai un environnement autour de moi", mais il faut dire : "je vis au sein d'un monde vivant dont je suis partie intégrante". Se le dire ainsi, c'est radicalement changer de regard, donc de vie. * Il est une profonde tradition philosophique de deuxième génération, de nature pessimiste, partout, qui part de la "Souffrance" … Le bouddhisme, dans les "Quatre Nobles Vérités" du sermon de Bénarès, en est un exemple des plus radicaux. Tout le christianisme est construit sur les souffrances de Jésus-le-Christ durant sa Passion (au sens de "souffrance" du verbe latin patior : "souffrir"). Le martyre y est le plus court chemin vers la sainteté. L'islamisme, en cela comme en beaucoup, l'a plagié : le martyr y est le héros par excellence. Il est temps de revenir aux vieilles traditions philosophiques de première génération (judaïsme, hellénisme, védantisme, taoïsme, …) qui aimaient plutôt partir de la Joie et considérer la Souffrance comme un accident évitable. * La Joie est un état d'esprit. La souffrance est une faute. * Telle est la si belle formule inscrite, selon Plutarque, au fronton du Temple d'Isis (la Mère-Nature) : "Je suis tout ce qui est, tout ce qui était, tout ce qui sera, et nul mortel n'a soulevé mon voile." D'où le titre du beau livre de Pierre Hadot : "Le voile d'Isis – Essai sur l'histoire de l'idée de Nature". * Pourquoi d'aucuns en appellent-ils à "la cruauté de la Nature" ? Quelle est cette "cruauté" ? Que veut dire "cruel" ? Une seule chose : faire souffrir pour le plaisir sadique de voir souffrir. Cette psychose sadique est le propre de l'homme déviant, dénaturé, immonde (hors du monde) et n'a absolument rien de naturel. Mais que peuvent-ils donc signifier, ces estropiés du vocabulaire, avec leur "cruauté" ? Que la Nature ne connaît ni morale, ni justice, ni pitié ? Mais est-cela la "cruauté" ? Bien sûr que non. La Nature est un processus qui vise son propre accomplissement en plénitude ; son éthique dit que tout ce qui y contribue est "bien" et que tout ce qui l'entrave est "mal" ; et sa "justice" consiste à éliminer ce qui lui fait du mal et à favoriser ce qui le fait du bien, et ce sans pitié. C'est aussi simple que cela. La leçon, pour cet incorrigible orgueilleux qu'est cet humain qui se croit le but, le sommet et le centre de la Nature, est qu'il doit se mettre, dans toutes les dimensions, au service de l'accomplissement de la Nature sur les trois plans de la Matière, de la Vie et de l'Esprit. * Elle est étrange cette dualité que l'on instaure entre la "sauvagerie" de la Nature et la "civilisation" humaine. L'humain barbare atteint des sommets de sauvagerie cruelle que jamais n'envisagerait la civilité naturelle où la paix et l'harmonie sont le précepte de base qui, s'il n'est pas respecté, peut mené à des excès de violence. La Nature ne vise qu'à la Paix ; l'humain, en revanche, tellement dénaturé, ne jouit que dans le conflit, le défi, la hargne, la guerre. * Pourquoi opposer Nature et Culture ? La Nature nourrit la Culture et la Culture sublime la Nature. Les opposer revient à les séparer et à organiser une schizophrénie débilitante avec, d'un côté, une Culture "hors sol" qui tourne en rond, et de l'autre, une Nature méprisée, pillée et saccagée sans le moindre remord. Pour le répéter une fois encore, il n'y a ni cheminement, ni accomplissement sans bipolarité, mais bipolarité n'est pas dualité. Dialectique n'est pas combat ! * Autre bipolarité et autre dialectique : celle entre Verticalité et Horizontalité. L'Horizontalité du "tout autour" et la Verticalité "entre hauteur et profondeur". L'Horizontalité de l'extériorité et la Verticalité de l'intériorité. L'Horizontalité de la Fraternité et la Verticalité de la Sacralité. L'Horizontalité du réseau relationnel et la Verticalité de la quête gnosique. L'Horizontalité sociétale et la Verticalité aristocratique. L'Horizontalité du lac et la Verticalité de l'arbre. Etc … * L'essentiel n'est pas/plus la relation domination/soumission, mais bien la relation individuation/intégration et la relation accomplissement/contribution. * Autre bipolarité dialectique : celle entre pensée analytique et pensée holistique, toutes deux fécondes tant qu'elles progressent en résonance et en cohérence. Il en va de même entre la pensée qualitative et conceptuelle, et la pensée quantitative et expériencielle. * Dans l'Esprit, les sept fonctions de Mémoire, de Volonté, d'Intelligence, de Sensibilité, de Créativité, d'Intuition et, au centre du tout, de Conscience forment un hexagramme qui, en tout, doit rester harmonieux et vivant, une étoile de David qui illumine la vie intérieure et la vie extérieure. * Le principe de subsidiarité est une idée très puissante : confier la résolution d'une problématique à ceux qui la vivent. Ce doit être un principe directeur du nouveau paradigme. * L'humain n'est qu'un passage … "une corde tendue au-dessus d'un abyme". Et cet abyme est le saut de complexité qui sépare la Vie, de l'Esprit qui doit en émerger. L'humain a donc une mission cruciale dans la Vie du Réel ; s'il échoue, il disparaîtra. * L'anarchie définie par Elysée Reclus comme "l'ordre sans l'Etat", est malheureusement une utopie du simple fait du crétinisme des masses qui sont incapables d'adopter une éthique quelconque sans une force de coercition. * Les foules ont besoin de se défouler. Si ce n'est pas au stade, c'est en émeute. "Panem et circenses", encore et toujours … Il arrive toujours un moment où elles ne supportent plus leur médiocrité. * Le parasitisme est devenu une philosophie de vie, un mode de fonctionnement, une stratégie existentielle. Le thème central en est : "Tout va bien, le "système" me nourrit ! Pourquoi m'en faire ? Le "système" ne me laissera pas tomber. Je fais ce que je veux ; de toutes les façons, on ne me punira jamais vraiment. J'ai tous les droits et aucun devoir. Je n'ai aucun mérite, mais je mérite tout. Sinon, je serai une "victime" et le "système" ne veut pas de "victime" : ma "susceptible sensibilité" est l'arme absolue." * Un changement de paradigme, c'est l'effondrement des élites d'avant et l'émergence de l'aristocratie d'après. Les masses n'y jouent aucun rôle. Et, depuis toujours, le temps qui passe fait que l'aristocratie fondatrice dégénère en élite démagogique. * La vie d'un paradigme se déroule en cinq phases d'un siècle chacune, environ : 1. Pourquoi le paradigme d'avant s'est-il effondrer ? Qu'est-ce qu'on a fait de mal ? Phase éthique. 2. Comment reconstruire ? Phase méthodologique. 3. Ne sommes-nous pas géniaux ? Phase mégalomane. 4. Et si on allait plus loin ? Phase paroxystique. 5. Pourquoi tout se déglingue-t-il ? Phase apocalyptique. Aujourd'hui, nous entrons dans la phase éthique : l'écologisme ambiant est le pendant de l'humanisme de la Renaissance ou du millénarisme du bas Moyen-âge ou du christianisme du haut Moyen-âge … * Un sociologue est quelqu'un qui "observe" dans la société, ce qui conforte ses conjectures : les 20% de ménages qui consomment du bio ne confirment nullement une prise de conscience des masses de la problématique écologique. Il suffit, pour s'en convaincre de visiter un lieu "naturel" après passage des touristes populaciers, ou de voir comment consomment les ménages à faibles ou moyens revenus (sucres, plats préparés, bouffe industrielle, …). * La seule aspiration fondamentale des masses, c'est le "panem et circenses", c'est-à-dire : manger et s'amuser, c'est-à-dire : consommer toujours plus. Croire que ces masses sont sensibles à une approche écosophique est une aberration. L'écosophie ne touche qu'une aristocratie très éloignée, à la fois, des masses et des démagogues qui s'en servent. * L'écosophie sera l'éthique du nouveau paradigme ; elle a contre elle, à la fois, les masses consommatrices (elle n'est donc pas du tout populaire) et les élites d'avant (elle est trop aristocratique). Elle ne pourra triompher que lorsque le taux de pénurisation des ressources et de toxicité globale aura atteint un seuil critique. * De mon ami Michel Maffesoli : "C'est l'histoire qui constitue le lien social." Ce qui fait "société" (tant au sens sociétal qu'entrepreneurial), c'est l'histoire commune. La continentalisation en cours, n'est rien d'autre que le dépassement de l'utopique universalisme de la mondialisation et que le retour aux grands bassins culturels participant d'une même histoire. Un continent, c'est une histoire commune mesurée en siècles (Islamiland, Latinoland, Angloland), voire en millénaires (Euroland, Russoland, Afroland, Indoland, Sinoland). * Il faut vraiment veiller à bien différencier le "pourquoi" causaliste du "pour quoi" intentionnaliste. La plupart des événements complexes du Réel n'ont pas vraiment de "pourquoi", mais ils ont tous un "pour quoi". * La phénoménologie du pur "comment" est une impasse, car le "comment" n'est jamais qu'une réponse à un "pour quoi" plus fondamental. Décrire n'est pas comprendre. Savoir n'est pas connaître. La phénoménologie est la négation de toute compréhension authentique et de toute connaissance authentique ; elle est négation de toute science véritable. * La proxémie de "appartenance" et de "apparentement" est subtile et féconde. Appartenance … La multiappartenance a toujours été la règle dans le monde humain. Cependant, c'est la notion même d'appartenance qui est en trait de virer : nous passons d'une échelle verticale d'appartenances hiérarchisées à des réseaux horizontaux d'appartenances complémentaires. * Tout ce qui existe, n'existe évidemment qu'en relation avec tout le reste du Réel, puisque tout ce qui existe n'est qu'épiphénomène contributeur à l'accomplissement du Tout-Un qui est "en train de naître" (Natura en latin). Michel Maffesoli appelle cela le relationnisme. Soit. Mais là où le sociologue qu'il est, obnubilé d'anthropocentrisme, se trompe, c'est de prétendre que les relations premières de l'humain doivent être entre humains. Il me semble essentiel, dans le nouveau paradigme qui vient, que chaque humain en arrive à se détacher des autres de son espèce, pour enfin nouer des liens globaux avec le Réel tel qu'il est et va, indépendamment de l'espèce humaine qui, somme toute, n'est qu'anecdotique. * Il n'y a que deux manières de vivre : assumer ce qui est ou rêver de ce qui n'est pas. Et les rêves finissent toujours par détruire le rêveur. Tout le reste est bavardage inutile. Mais … pour apprendre à assumer ce qui est, il faut connaître et comprendre ce qui est et pour quoi il est tel. * La chaotisation profonde de notre monde "inter-paradigmatique" induit le désengagement profond d'une certaine jeunesse qui fuit le Réel et les responsabilités que ce Réel implique, pour se réfugier dans des univers artificiels et virtuels ("artistiques" et numériques), hors du temps, dans un instantanéisme aveugle et débilitant, dans un hédonisme de façade masquant mal une angoisse existentielle immature. * Il faut n'avoir jamais vraiment vécu dans un petit village rural pour croire que là survivent une positivité, une bonhommie et un bon sens ataviques et traditionnels. Là où je vis et ai vécu presque toute ma vie, je n'ai connu que jalousies, rancœurs, méchancetés, mesquineries, rumeurs, hypocrisies, cancans, convoitises, ressentiments … et exploitation éhontée de la Nature sans le moindre respect pour quoique ce soit de vivant. Ce sont les néo-ruraux, ex-citadins, qui pratiquent, ici, l'écosophie … mais certainement pas les autochtones. Par exemple, il n'y a pas pire anti-écologue qu'un paysan français qui se fout, sauf rares exceptions à la Rabhi qui est algérien, comme d'une guigne, de la Nature et de sa perpétuation saine et simple ; tout est bon pourvu que ça rapporte du fric (notamment, laisser crever le bétail ou arracher les plantations dès que les allocations PAC ont été touchées). * L'écologie authentique et l'écosophie n'ont jamais existé, encore ; elles restent à inventer d'urgence. L'humain n'a été, jusqu'à présent, qu'un prédateur sans foi ni loi, sans vergogne ni morale, sans remord ni regret. Et ce n'est évidemment l'escrologie de l'écologie politique qui va rectifier le tir ! * L'actuelle mode du narcissisme et de la sculpture, contre-nature, de son corps (tatouages, colorations, piercings, scarifications, etc …), est l'antithèse d'un naturalisme qui, au contraire du repli sur soi et du nombrilisme infantile, est ouverture sur la Vie sous toutes ses formes. * Il est salutaire d'éradiquer toute apologie de la "fête". La "fête" n'est que griserie, c'est-à-dire refus du Réel, fuite de soi dans les autres, partage de vides intérieurs dans un néant extérieur. * L'économie ne fait que fournir ce qu'on lui demande. C'est cela la loi du marché, la loi de l'offre et de la demande. C'est sa mission, qu'on le veuille ou non. Est-ce sa faute si les masses exigent d'elle de la merde à bas prix ? Sur le moyen terme, hors coups de mode ou de pub, c'est la demande qui forge les marchés, et non l'offre Et malgré cela, je trouve que, globalement, l'économie a établi une éthique certaine, une dignité intrinsèque (sauf les voyous qui sévissent toujours partout), même si la demande scélérate est bien là. * En gros, l'espèce humaine est un gros ratage de la Nature ; elle aurait disparu depuis longtemps s'il n'y existait, depuis toujours, une petite aristocratie qui fait émerger l'Esprit et qui justifie, par ce fait, la survie de ce tout essentiellement médiocre et prédateur. * On oublie trop que la modernité qui s'effondre sous nos yeux, n'est que le troisième et dernier paradigme propre à la civilisation chrétienne, née après 325. Le premier de ces trois paradigmes fut celui des dizaines de sectes, hérésies, églises, chapelles, doctrines et théologies qui marquèrent les cinq siècles du haut moyen-âge. Le deuxième fut celui de la féodalité, c'est-à-dire de l'irréconciliable scission entre le catholicisme latin, dogmatique et clérical, et l'orthodoxie grecque, mystique et monacale. Le troisième fut la modernité, né avec le protestantisme, qui, peu à peu, a transformé le messianisme religieux en messianisme idéologique. Mais, tout au long de ces 1650 années, le message essentiel et central fut la diabolisation du Réel tel qu'il est et va, le rejet du monde naturel et la croyance en une "autre vie", ailleurs ou plus tard. C'est la christianité dans son ensemble qui est un antinaturalisme, un antiréalisme et un anti-eudémonisme, et pas seulement la modernité qui n'en est que le dernier acte plus ou moins laïcisé. * Ce serait une erreur de confondre la chaotisation parfois hystérique de l'entre-paradigmes, avec les prémisses du nouveau paradigme en émergence. Ainsi, ni l'écologisme politique, ni les médias sociaux, ni les frénésies festives, ni les délires pseudo-spirituels que nous voyons autour de nous, ne sont représentatifs de l'écosophie, des réseaux noétiques, des intériorités et du panenthéisme à venir. * Ne jamais confondre défoulement et ressourcement. Ne jamais confondre hystérie et refondation. * L'effervescence des foules ne dit qu'une seule chose : les élites d'avant sont obsolètes et les aristocraties d'après ne sont pas encore en place. * L'existence de tout paradigme procède en cinq phases successives : 1. le vouloir des prophètes, 2. le savoir des penseurs, 3. le pouvoir des aristocrates, 4. le lavoir des idéologues, 5. le faire-valoir des élites. * * *