Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Le Numérique de Demain

Les questions de prospectives qui se posent …

L'évolution du domaine numérique est un processus complexe comme les autres et permet d'y appliquer les modèles généraux de la physique des processus complexes.

 

Les dimensions du problème et les questions qu'elles suscitent …

 

  1. Technicité (hardware) : quant aux puissances computationnelle et connective, les deux grandes voies d'évolution que je vois du point de vue de la généalogie technique, touchent la puissance de calcul (intérieure aux ordinateurs) grâce aux technologies quantiques et la puissance connective (extérieure aux ordinateurs) grâce à la 5G et à la diversification des techniques de connexion (fibres, filaires, hertzien, satellites, etc …)
  2. Algorithmes mimétiques : j'appelle "algorithmes mimétiques" les systèmes-experts qui simulent des processus grâce à des modèles du type "ordinogrammes" avec un réelle puissance d'auto-apprentissage du fait de nombreuses itérations sur des boucles de rétroaction concernant les divers paramètres qui interviennent dans la computation. Ce sont ces types d'algorithmes qui équipent les "robots" divers et variés qui, vers 2035, en Europe, assumeront de 40 à 50% des tâches actuellement assumées par des humains. Cette inéluctable robotisation des activités humaines posent des questions de fond (notamment de désintermédiation) en matière économique, sociale, comportementale, etc …
  3. Algorithmes corrélatifs : j'appelle "algorithmes corrélatifs" les systèmes-experts qui brassent des énormes quantités de données (introduites par les "prolétaires du numérique" ou pompées – le plus souvent à leur insu – dans les ordinateurs privés) au moyen, notamment, des réseaux neuronaux artificiels (appellation journalistiques totalement fallacieuse) afin d'en "déduire" des corrélations entre divers paramètres, le but étant de prédire, avec plus ou moins de précision, des comportements divers, individuels ou collectifs, au service du commerce, de la politique, de la santé, de la finance, etc … Un point qui est ici essentiel, est la notion de "biais de corrélation".
  4. Réseaux dissipatifs : j'appelle "réseaux dissipatifs" les réseaux de connexion entre processeurs (tant humains qu'informatiques) dont la fonction principale est de diffuser efficacement des informations ; les actuels "réseaux sociaux" qui ne sont pas de vrais "réseaux" – car un réseau n'existe que s'il a une intention et une utilité communes -, n'en sont que les balbutiements puérils et les maladies infantiles : ils ne servent à rien et n'ont aucune efficacité … sauf manipulatoire.
  5. Réseaux noétiques : j'appelle "réseaux noétiques" les réseaux (fermés ou semi-fermés, électifs et sélectifs) de connexion entre processeurs (tant humains qu'informatiques) dont la mission principale est de construire des connaissances à partir de "communautés" élitaires (voir mon article sur les "réseaux noétiques").
  6. Interfaçage (homme/machine) : j'appelle "interfaçage" la problématique cruciale de l'optimisation du dialogue entre l'esprit humain, les algorithmes et les réseaux, tant du point de vue hardware (des "ustensiles" de connexion jusqu'aux implants transhumanistes), que du point de vue software (la programmation des machines ET la formation des humains).
  7. Vocation et éthique numériques : "Et tout ça au service de quoi ?" A quoi sert le numérique ? Quelles sont sa mission et sa finalité ? Quelles sont les limites du numérique (séquentialité, biais, manipulation, amplification du pire, …) ? Quelle éthique faut-il mettre en place (dans chaque continent) pour écarter le pire du numérique et pour n'en garder que le meilleur (le pire et le meilleur définis selon quels critères ?).Un choix terrible se dessine : soit la "servitude volontaire", par algorithmisation et robotisation des humains au seul service de leur confort sécuritaire et de leur amusement ludique (panem et circenses) … soit la libération de l'humain, grâce au numérique, des activités algorithmisables et robotisables, aux fins de se consacrer à des tâches plus riches.

 

On le comprend immédiatement : le numérique n'en est qu'à ses débuts ; nous en quittons la phase d'enfance et il est temps de sortir du ludique californien pour entrer dans la phase de maturité !

 

Marc Halévy - Le 15/11/2020