Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Déconstruction du déconstructivisme.

Rabattre le caquet à tous les rétro-activismes !

Toute épistémologie repose sur trois piliers : le Réel, l'Image et le Modèle.

Le Réel est ce qui existe et qui s'offre comme objet de toute recherche scientifique.

L'Image est l'ensemble (plus ou moins organisé et structuré) de toutes les données (plus ou moins précises et exactes) que les techniques (plus ou moins fiables) permettent de récolter à propos du Réel.

Le Modèle est la théorie que l'esprit invente pour rendre compte, de la manière la plus cohérente, consistante et plausible possible, de l'Image que l'on possède du Réel.

 

Le déconstructionnisme de Derrida revient à affirmer que toute démarche théorique est forcément esclave des idéologies ambiantes qui influencent, voire manipulent, le théoricien.

C'est sans doute un peu vrai, mais c'est sans la moindre importance, ni le moindre intérêt car la seule chose qui compte, est que le Modèle, d'où qu'il vienne et par quelque chemin qu'il soit advenu, rende compte, de la manière la plus fiable et la plus vérifiable, de la totalité et de tous les détails de l'Image qui a été constituée.

 

Il faut déconstruire le déconstructionnisme qui n'est qu'une tentative idéologique de tout ramener à de l'idéologie.

Le Réel et l'Image sont ce qu'ils sont, indépendamment de toute idéologie. Et tout Modèle qui en rend compte adéquatement, d'où que vienne son inspiration, est un bon Modèle, qu'il plaise ou non aux idéologies ambiantes.

 

Toute l'histoire de la pensée scientifique montre, à souhait, que le Modèle, quel qu'il soit et d'où qu'il vienne, ne prend sens et valeur que dans son rapport de plausibilité à l'Image que l'on s'est faite du Réel.

Que cette Image soit influencée, elle aussi, par les idéologies ambiantes du fait des choix à faire entre telle ou telle technique de mesure, entre tel ou tel sujet d'étude, entre telle ou telle méthode, n'est pas dubitable. Mais cette emprise de l'idéologie sur la curiosité de l'esprit n'est jamais ni profonde, ni durable. L'histoire le démontre à souhait, de l'Inquisition à Lyssenko.

 

Les idéologies sont effectivement capables de faire dévier, pendant un temps et plus ou moins profondément, le cours de la recherche, mais, au final, cette influence est anecdotique dans la durée.

Il est donc faux de prétendre, comme le font les rétro-activismes à la mode, que toute connaissance et que toute culture sont forcément les fruits et les reflets d'une idéologie (évidemment occidentale, blanche, hétérosexuelle, patriarcale, judéo-chrétienne, philosophiste, etc …).

Toutes ces prétentions ne sont que des foutaises vaguement derridiennes n'ayant pour seul objectif que de décrédibiliser les savoirs sérieux et les connaissances réelles qui leur donnent radicalement tort.

 

Marc Halévy - Le 15/01/2021