Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

La filière nucléaire

La plupart des centrales d'aujourd'hui sont des PWR sous licence Westinghouse (mais il y a aussi des BWR dont la gestion des déchets se posent dans les mêmes termes).

Dans tous les cas de figures,

  1. le problème posé par le nucléaire en général et par les déchets plus particulièrement est le produit de trois grandeurs :  la quantité Q de radioactivité (le nombre de noyaux radioactifs) dans la masse M de matériaux considérée ; l'activité A de ces noyaux (le probabilité qu'il fissionnent dans le quart d'heure qui vient, par exemple). Et le taux de rayonnement R potentiellement dangereux ; ce taux de rayonnement (qui est propre à tout ce qui existe, vous et moi compris) en indique le taux de dangerosité et est simplement : R=Q.A/M (le produit de l'activité nucléaire et de la concentration nucléaire)
  2. Une centrale nucléaire transforme de la haute radioactivité (matériau radioactif de haute activité et de haute concentration appelé "combustible")  en basse radioactivité (des matériaux "contaminés" à basse radioactivité diluée) puisque c'est en diminuant artificiellement la radioactivité des combustibles, que la centrale extrait, produit et canalise de l'énergie pour la transformer en électricité. Donc, et cela est en général incompris, une centrale nucléaire DIMINUE le taux général de la radioactivité terrestre : elle ne produit aucune radioactivité mais elle en consomme (fission) et elle en transfère vers d'autres matériaux (contamination).
  3. Le problème ne vient pas de là, mais de la concentration A/M . Dans la Nature, cette concentration radioactive est très faible puisque les noyaux nucléaires actifs y sont très dispersés dans l'écorce terrestre. Pour en faire du combustible utilisable, les hommes ont concentré ces matériaux fissibles qui atteignent alors, des niveaux énormes de dangerosité.
  4. Dans la centrale, ce combustible fissionnent sous le contrôle très précis et très fiable de flux de neutrons. Ces fissions induisent des radioactivités secondaires faibles mais réelles dans tous les matériaux environnants, par contamination.
  5. A la sortie d'un centrale, il y a donc des déchets à faible radioactivité (des matériaux secondaires contaminés, essentiellement) et des déchets à forte radioactivité (les combustibles usés, en gros, qui, dans tous les cas ont une radioactivité bien plus faible que du combustible neuf - il existe une filière dire de surgénération  pour exploiter cette forte radioactivité résiduaire des combustibles usés.
  6. La gestion des déchets nucléaires se propose selon deux tactiques :
    1. La dispersion où l'on dilue ces déchets dans les sols ou dans les océans de façon à ce que le taux de présence dans l'environnement soit inférieur à ce qu'il était avant concentration pour fabriquer des combustibles;
    2. Le confinement où, au fil du temps, la radioactivité naturelle fait s'effondrer naturellement et plus ou moins rapidement, le taux de radioactivité du matériau considéré (plus un matériau est radioactif - instable - et plus sa dénucléarisation est rapide).
    3. Toute combinaison des deux tactiques précédentes est possible (et généralement effective).

Le seul combat à mener pour assurer la "transition énergétique", est de renforcer la filière nucléaire car, primo, les combustibles fossiles classiques (charbon, pétrole et gaz) sont en voie de rapide extinction et sont grands producteurs d'effet de serre, et, secundo, les énergies "alternatives" sont des fumisteries thermodynamiques absurdes qui, même si tout allait bien, même si l'on faisait fi de toutes les imperfections techniques, ne pourront au maximum couvrir que 20% des besoins actuels de la planète.

Le vrai problème est double ; la démographie qui doit rejoindre les 2 milliards d'humains en tout, dans les deux siècles qui viennent, et la frugalité c'est-à-dire une consommation moyenne de ressources par habitant de la planète égale au quart de la consommation moyenne d'un européen d'aujourd'hui.

Je tiens à répéter que hors Tchernobyl (qui n'est pas une faute technologique, mais politique), il n'y a quasi pas eu de victimes de la radioactivité au sein de la filière nucléaire pacifique. On a fait un pataquès de Fukushima en oubliant que le centrale a quasi parfaitement tenu le coup et que les victimes ont été celles d'un tsunami et non d'un accident nucléaire.

Un dernier mot : les lobbies se fichent du tiers comme du quart de la filière technique utilisée en matière énergétique ou autres : leur seul souci est de maintenir la consommation d'énergie (et de tous les produits, quels qu'ils soient) au plus haut niveau possible ; leur seul ennemi est la FRUGALITE !

Marc HALEVY, 10/2017