Samedi 06 décembre 2025
De Marc Marciszewer dans "Être-Plus" :
"J’ai toujours eu cette intuition : tout est sacré !
Cela avait le chic d’agacer mes parents, qui se prétendaient athées.
En fait, ils n’étaient pas athées, ils étaient simplement déçus que leurs croyances ne soient pas comblées.
« Quoi, un Dieu qui permet autant d’injustices et d’horreurs ! S’il existait, il faudrait le tuer ! »
Comme si ce pauvre Dieu avait quoi que ce soit à voir dans les folies meurtrières des hommes, dans leurs perversions, dans leur cécité́ spirituelle…
Mais en fait, moi non plus je ne crois pas en Dieu !
En tout cas, pas en celui qui nous est présenté́ par les gens soit disant religieux.
Il est tellement humain, dans son acception Nietzschéenne, tellement mesquin, jaloux, possessif, ombrageux, impétueux même. De toute évidence, celui-ci n’est rien d’autre qu’un Dieu imaginé par des hommes, et pas par les meilleurs d’entre eux, loin s’en faut !
Imaginez, il y a même des religions qui tuent au nom de leur Dieu, qui violent, massacrent, torturent, commettent des attentats, pillent, conquièrent des territoires, et ils prétendent agir au nom de Dieu !!!
Mais qui peut bien vouloir d’un tel Dieu ? si ce n’est des gens suffisamment mal dans leur peau et déséquilibrés pour ne pas voir qu’il y a quelque chose qui cloche.
Donc, je ne crois pas en ce Dieu, et j’ajouterais volontiers : Dieu merci !"
Une fois pour toute, il faut bannir le mot Dieu qui n'exprime que le Dieu personnel, paternel, anthropomorphe et dictateur du christianisme.
Ce Dieu-là, pour reprendre Nietzsche, est mort : c'est un Dieu de contes de fées pour enfants.
Ce Dieu-là est aussi puéril et stupide que l'athéisme qui le combat.
L'athéisme est une religion pour enfants révoltés et aigris qui veulent reprendre pour eux, l'omnipotence dont on avait affublé le Père.
Il faut sortir de cette vision Freudienne de la spiritualité et condamner cette soi-disant relation du Père (Dieu-le-Père) à ses enfants, nous les humains.
Il faut au contraire établir l'équation simplissime et grandiose du Réel=Tout=Un=Divin dont nous, les humains, comme tout ce qui existe, ne sommes que des émergences, des manifestations, des germinations.
Le Divin n'est pas le Père qui nous engendre et nous gronde, mais la réalité profonde qui nous habite et que nous sommes censés accomplir à notre mesure.
Oui : "Dieu est mort et c'est nous qui l'avons tué !"
Mais le Divin vivant et omniprésent, lui, est bien vivant, en plain accomplissement de lui-même, en nous et autour de nous !
Et l'auteur d'ajouter :
"Tout est sacré, c’est aussi ce qui permet d’aborder toutes les dimensions si humaines qu’elles nous font souvent souffrir avec une innocence retrouvée sans l’avoir cherchée."
Ce qui me semble d'une naïveté poétique et enfantine. L'accomplissement de la Vie et de l'Esprit est un combat sans cesse renouvelé contre les forces entropiques qui pèsent sur chaque parcelle du cosmos. Elles sont les gardiennes de la perpétuation du Réel malgré les délires de la création néguentropique qui veut tout accomplir au détriment de tout préserver.
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Toutes les "révolutions" qui réussirent par le passé, ne furent jamais prolétaires, mais bourgeoises : des révolutions d'entrepreneurs contre des privilégiés.
Le prolétariat, lui, ne fait jamais que suivre l'argent.
Ce n'est pas moi qui l'affirme ; c'est Marx lui-même dans le "Manifeste du parti communiste".
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De Pierre-Joseph Proudhon, père de l'anarchisme français :
"Juifs. Faire un article contre cette race, qui envenime tout, en se fourrant partout, sans jamais se fondre avec aucun peuple. Demander son expulsion de France, à l’exception des individus mariés avec des Françaises ; abolir les synagogues, ne les admettre à aucun emploi, poursuivre enfin l’abolition de ce culte. Ce n’est pas pour rien que les chrétiens les ont appelés déicides. Le juif est l’ennemi du genre humain. Il faut renvoyer cette race en Asie, ou l’extermine… Par le fer ou par le feu, ou par l’expulsion, il faut que le juif disparaisse… Tolérer les vieillards qui n’engendrent plus. Travail à faire. Ce que les peuples du Moyen Âge haïssaient d’instinct, je le hais avec réflexion et irrévocablement. La haine du juif comme de l’Anglais doit être notre premier article de foi politique."
Curieux ce cocktail surréaliste et incompatible entre anarchisme, d'une part, et nationalisme et antisémitisme d'autre part. Ces contradictions fondamentales font de Proudhon une persona non grata !
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Les défenseurs du mythe du "peuple", qui militent et bataillent contre cet autre mythe des "élites", recourent toujours à la même caricature grotesque relevant d'un troisième mythe : celui du "bouc émissaire". Si les "élites" sont "supérieures", c'est grâce à leurs vices intrinsèques, car le "peuple", lui, est vertueux par essence et excellence.
Pourtant, l'observation sociologique prouve évidemment tout autre chose : la vertu n'appartient à aucun "camp" ; il y a des crapules et des salauds partout, chez les ouvriers comme chez les bourgeois, chez les chômeurs comme chez les professeurs d'université, chez les fonctionnaires comme chez les entrepreneurs, partout ; même chez les curés et les nonnes.
En revanche, il existe de braves gens et des gens vertueux, voire des gens bons, généreux, exemplaires et magnifiques dans chacune de ces catégories.
En fait l'éthique et l'appartenance sociale n'ont pas beaucoup de corrélations entre elles ... sauf, probablement, chez les délinquants et trafiquants ataviques.
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Le processus d'idéalisation est toujours catastrophique. Il rend aveugle. Et cet aveuglement porte un nom : l'idéalisme.
On escamote le Réel derrière le masque de l'Idéal imaginaire et mythique, donc mensonger.
Il est donc essentiel de cultiver la lucidité et le réalisme : voir le monde tel qu'il est et non tel qu'on voudrait qu'il soit, ni meilleur, ni pire.
Le pire des cas est de se considérer soi-même comme le mètre-étalon de la vertu et de comparer les autres à ce que l'on croit être ou devenir soi-même ...
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Les idéologies (quelles qu'elles soient) et les militances (avec leurs démonstrations et manifestations collectives, leur vacarme dans les rues ou sur les médias, leurs désinformations systématiques, leurs syndicalisations, leurs mensonges éhontés et ridicules, leurs irréalismes flagrants, leurs mythes puérils, leurs concepts vides, ...) non seulement me débecquetent jusqu'à la nausée, mais empoisonnent, jusqu'à l'intoxication délirante, toute la vraie vie sociétale qui, qu'elle le veuille ou pas, est contrainte de se soumettre aux lois d'évolution cosmique qui s'appliquent à tout ce qui existe, y compris l'humanité, n'en déplaise à son orgueil démesuré.
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Le meilleur livre que j'ai lu cette année (hors lecture scientifique) : "Contre le peuple" de Frédéric Schiffter !!!
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Tout ce qui relève du gauchisme et du populisme, quoiqu'aux extrêmes du spectre idéologique, se réfère, pour l'exalter, au "Peuple" qui n'existe pas.
Ce sont des idéologies mythologiques et dogmatiques de la pire espèce (comme le catholicisme).
Toutes ces idéologies, politiques comme religieuses, ne peuvent, par irréalisme, que se transformer en tyrannie pour que la population réelle ressemble un peu, de gré et, surtout, de force à leur "Peuple" fallacieux, idéaliste et inexistant.
Gauchisme et populisme politiques, comme tout dogmatisme religieux, doivent être combattus sans pitié si l'on veut que l'humanité échappe aux dictatures les plus sanglantes que l'histoire ait connues.
L'humanité doit être vue comme un réseau de complémentarités entre des communautés et des personnes autonomes, mutuellement respectueuses les unes des autres.
Rien de plus et rien de moins !
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De Charles Péguy :
"La popularité n'est que la décoration de la démagogie."