Dimanche 07 décembre 2025
La conscience est un processus complexe émergent, contenu dans un autre processus complexe encapsulé mais connecté au monde (il n'existe aucun processus encapsulé déconnecté du grand Tout) appelé "la vie du corps biologique".
Ce processus "conscience" est évolutif (construction, apogée, déclin) et périodique (veille et sommeil).
Comme dit plus haut, le processus "conscience" est le lieu des processus de dissipation optimale des tensions entre l'intériorité et l'extériorité (dont on "prend conscience") ; cette dissipation dépend naturellement de la qualité de la connexion entre ces deux pôles (un esprit complètement déconnecté du monde, ne peut avoir conscience de rien, comme c'est le cas chez certains autistes ou malade d'Alzheimer).
En référence à l'hexagramme dissipatif, la conscience a donc six scénarios de dissipation tensionnelle à sa disposition : trois conflictuels ["je ne veux pas savoir", "je me soumets", "je casse tout"] et trois consensuels ["je pars", "je négocie"] et le plus riche qui est celui de l'émergence d'un "niveau supérieur de conscience" qui englobe et dépasse la bipolarité tensionnelle initiale.
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Je ne crois pas aux fantasmagories freudiennes appelées "subconscient" ou "inconscient". Bien plus simplement, il existe à côté des processus conscient de dissipation tensionnelle, des mécanismes automatiques de dissipation qui relèvent de la génétique, de l'éducation ou de l'apprentissage.
Pour "prendre conscience" de ces automatismes non-conscients et les muter en faits de conscience, un questionnement s'impose : pourquoi est-ce que je dis ça ? pourquoi est-ce que je réagis comme ça ? pourquoi est-ce que je ressens ça ?
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La conscience est d'autant plus aigüe que la juste perception de nos mondes intérieurs et extérieurs, est fine et attentive.
La hauteur de conscience est donc affaire de qualité de perception et d'observation (internes et externes).
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Rien ne peut venir à l'existence et évoluer s'il n'existe pas une intention qui suscite et nourrit cette existence et cette évolution.
Même la causalisme moderne doit admettre qu'une cause première est nécessaire pour démarrer le processus cosmique (il l'a appelé "big-bang" même si l'on sait que celui-ci n'est pas le début de l'univers, mais seulement l'émergence du monde matériel à partir d'un monde prématériel intemporel).
Mais admettons ; cela ne répond aucunement à la question : pour-quoi y aurait-il eu une cause première ? Elle doit immanquablement naître d'un intention préalable. Pour-quoi cette cause première-là plutôt qu'une autre ?
Et là, clairement, la notion de "hasard" n'est nullement recevable : le hasard n'est jamais "premier" de rien, il est un conséquence, jamais une origine.
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Alors que la Dualité s'oppose ontiquement à elle, la Bipolarité est inhérente à l'Unité. Un aimant est un, mais n'est aimant que parce qu'il est bipolarisé et possède un pôle nord et un pôle sud.
Même coupé en deux ou en quatre, la bipolarité suit chacun des morceaux qui résultent de ce découpage (au moins au niveau mésoscopique).
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L'Être pur ne pourrait exister puisqu'il serait purement statique dans toutes ses dimensions, sans agir, sans penser, sans ressentir, sans rien. L'Être pur est non-Être.
Puisque tout ce qui existe, évolue, agit, pense, se transforme, il n'y a pas d'Être, il n'y a que du Devenir. Il convient donc d'exclure la notion d'Être du vocabulaire de la métaphysique. Tout ce qui existe est en Devenir, sinon, il n'existerait pas. Exister, c'est Devenir.
Tant au niveau des parcelles du Réel que du Réel lui-même entant que Tout-Un-Divin.
Il peut exister une métaphysique du Devenir, mais il ne peut pas exister une métaphysique de l'Être.
Une des conséquences de cela est que même le Divin évolue vers plus de perfection, vers plus d'accomplissement ... et donc qu'il n'est, en aucune manière, cette Perfection absolue que lui prêtent les religions. Le Divin est vivant et évolue ; c'est Lui qui fait émerger, pour son propre accomplissement, tout ce qui existe. Il s'agit bien d'émergence ou d'émanation, et point de création (surtout ex nihilo, ce qui n'a aucun sens) : tout ce qui existe est manifestation du Divin qui, ainsi, continue, sempiternellement, à se construire.
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Comme Héraclite et contre Platon et Descartes, Aristote, Spinoza, Leibniz et Bergson sont monistes et processualistes : leur philosophie est une métaphysique du Devenir.
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Ce qui est troublant, c'est qu'en français et en anglais à tout le moins, la "cause" de quelque chose et la "raison" d'exister de quelque chose sont synonymes.
Causalisme et rationalisme sont posés comme extrêmement proches, sinon équivalents.
Mais bien sûr, cela évacue complètement l'idée d'une "intention" (qui n'est en rien une "finalité").
La rationalité et la causalité semblent vouloir évacuer la volonté ... alors que cette rationalité et cette causalité doivent aussi avoir une profonde et réelle source en amont d'elles, qui définit et nourrit cette rationalité-là et cette causalité-là, plutôt que tout autres.
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La conscience ne peut s'exprimer et se concrétiser qu'au travers d'un langage (vernaculaire, mathématique, géométrique, graphique, musical, pictural, peu importe ...). Et ce langage, comme tout langage, force la conscience à entrer dans sa structure et sa logique qui ne sont peut-être pas les meilleures.
Il existe donc aussi une tension bipolaire entre la conscience et son expression (même intérieure et personnelle).
Comme en photographie argentique, le langage est l'indispensable, mais trompeur, révélateur de la conscience. Toute représentation est toujours bien plus pauvre que la réalité : la carte conventionnelle (qui est un langage) est toujours beaucoup moins riche que le territoire réel (qui est la conscience inexprimable).