Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Libérez le libéralisme.

A propos d'un article de Michel Onfray dans son "Dictionnaire philosophique".

Il me faut ici retranscrire intégralement la plus énorme incongruité jamais écrite comme définition du "libéralisme" …

 

"Le roi n'est plus, guillotiné par les précédents. Mais il a été remplacé par le marché qui règne sans partage en se moquant de la démocratie et de la république, des souffrances du peuple et des  misères des braves gens, du sens commun et du bien public. Le libéralisme est le nom de cette royauté nouvelle. Et j'appelle libéralisme le régime dans lequel le marché fait la loi, autrement dit, : le régime dans lequel l'argent fait la loi."

 

Outre les allusions (roi, royauté, régime, guillotine, …) qui n'ont strictement rien à voir, dans la simple mesure où le royalisme est une idéologie politique particulière alors que le libéralisme s'oppose, par essence, à toute forme d'idéologie et à toute forme d'idéologisation puisque son mot-clé est précisément le mot "autonomie" (personnelle et collective, interdépendante).

On reproche la "loi du marché" en confondant, cela va de soi lorsque la mauvaise foi est maîtresse du jeu, le libéralisme comme éthique de vie et sociosophie globale,  et l'économisme sous sa forme mercantiliste c'est-à-dire comme jeu le plus démocratique qui soit : celui de l'offre et de la demande ; les producteurs proposent ce qu'ils croient être désiré par les acheteurs et les acheteurs acquièrent ce qu'ils ont envie de consommer ou de détenir.

Encore une fois, la philosophie libérale a aussi des applications économiques, mais elle ne s'y réduit pas.

Le libéralisme, en prônant et en stimulant et en protégeant l'autonomie personnelle, est la seule vraie démocratie qui soit, mais il est vrai que, pour ce faire, il s'oppose à tous les étatismes, républicain ou non.

Les "souffrances du peuple" remontent à Zola et aux "misérables" ; depuis le libéralisme, en engendrant et en libérant plus de moyens, dans toutes les dimensions de la vie, a augmenté partout le pouvoir d'achat, l'accès à la santé, le droit à l'instruction, l'espérance de vie, la régulation du temps de travail (en 1936, Blum et Jaurès n'ont fait qu'entériner et généraliser les initiatives de congés payés prises par des entreprises privées), etc …

Une entreprise libérale, quelle qu'elle soit, n'a aucun intérêt ni à imposer des produits dont personne ne veut ou que personne ne peut se payer, ni à brimer, spolier ou traumatiser sa main d'œuvre sans laquelle elle ne peut pas travailler convenablement.

Quant aux notions de "sens commun" et de "bien public" ont en trouvera autant de définitions contradictoires qu'il existe d'idéologues idéalistes, donneurs de leçon.

Le sens commun et le bien public ne sont l'affaire ni du politique, ni de l'économique, mais seulement de l'autonomie et de la responsabilité personnelles.

Le libéralisme ne dit, au fond, aux humains, qu'une seule chose : devenez adultes, cessez d'écouter les boniments des idéologues (même déguisés en philosophes), prenez vos responsabilités, créez votre vie et l'œuvre qui lui donnera sens et valeur, arrêtez de tout attendre des assistanats étatiques.

Et enfin – in cauda venenum –, dans le texte transcrit, le relation à l'argent est grotesque et pitoyable. Le libéralisme rallie tout ceux qui comprennent un peu que l'économie n'est ni le graal, ni le satan, mais seulement une fonctionnalité qui vise à optimiser le croisement des flux de besoins, de produits, d'envies et de ressources. L'argent est un simple moyen d'échange symbolisant un mélange de valeur-travail et de valeur-ressource. L'argent est un agent neutre, symbolique, transitoire qui n'a rien, en lui-même de bon ou de mauvais ; l'argent est neutre. Tout dépend de la valeur qu'on lui donne et de ce dont on en fait. Ce qui pose problème, ce n'est pas l'argent mais le financiarisme – que le libéralisme combat – c'est-à-dire, ces mécanismes spéculatifs qui permettent de générer de l'argent à partir d'argent, sans rien créer.

Le libéralisme est une philosophie de vie qui, sur base du principe de l'autonomie interdépendante, vise à accomplir l'accomplissable et à engendrer du sens et de la valeur (dons tous les sens du mot, pas seulement économique ou financier) de façon responsable et adulte.

 

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