Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Le mythe du Progrès doit mourir.

L'idée de "progrès" est le pire des miroir aux alouettes …

Le mythe fondateur de la Modernité est le concept de "Progrès" qui débouche que des idéologies variées , appelées "progressistes".

Ce mythe, en Europe, a fleuri à partir du 18ème siècle et s'est épanoui, sous diverses formes (progrès technique, progrès économique, progrès social, progrès politique, progrès scientifique, progrès éducationnel, …), au 19ème siècle. Le 20ème siècle, peu à peu, en a découvert les limites, les charlataneries, les hypocrisies et les effets délétères.

Les nationalismes, les colonisations, deux guerres mondiales, la Shoah, l'hyper-industrialisation, les pollutions, le dérèglement climatique, la surpopulation humaine, etc … sont-ce là des progrès ? Evidemment non ! Et pourtant, toutes ces calamités sont des conséquences directes de l'idée de "progrès".

 

Partons d'une position simple : on peut parler de "progrès" si la situation d'après est meilleure que la situation d'avant … Mais "avant" et "après" quoi ? Et "meilleure" pour qui, selon quel critère, à quelle échéance, avec quelles retombées ?

Tant que l'on se cantonne dans une vision mécaniste du monde, le rationalisme peut venir plaider, raisonner et argumenter pour le progressisme. Mais dès l'instant où ce mécanicisme s'effondre (ce qui est totalement le cas depuis la fin du 20ème siècle, avec la montée en puissance de la physique des processus complexes), on finit par comprendre que la notion de "progrès" est totalement relative au référentiel subjectif que l'on se choisit pour spécifier ce que signifie "meilleur".

 

Mais quittons le mécanicisme des causes et des effets, et entrons dans la réalité du Réel, c'est-à-dire la "constructivisme" où les œuvres ne se suivent pas, mais où elles s'accumulent.

La notion de progrès doit alors être éradiquée et remplacée par celle d'accomplissement.

Lorsque tout est "en cours", il n'y a pas de mieux ou de moins bien, d'avant ou d'après : l'édifice à jamais inachevé se construit couches après couches, accumulées les unes sur les autres, selon les opportunités d'idées ou de ressources, de talents ou compétences.

Le monde humain se construit par "essais et erreurs", animé par une intention d'accomplissement optimal, mais sans trop savoir quel est le bon chemin de cet accomplissement. L'histoire humaine est aussi une accumulation d'impasses dramatiques (le monarchisme absolu, l'impérialisme militaire, le colonialisme, les nationalismes, le marxisme-léninisme, le national-socialisme, le financiarisme, le monétarisme, le consumérisme, etc …).

 

Il faut cesser de vouloir donner des bons points et des mauvais points : il n'y a pas de progrès, au sens du 19ème siècle, il y a des évolutions et des accomplissements, tant par effondrements <que par émergences.

 

La flèche du temps est la flèche de l'évolution et de l'accomplissement, mais elle n'est pas nécessairement la flèche d'un mieux pour l'humain.

 

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