Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

A propos du numérique ludique.

Il est encore temps d'empêcher la zombification de l'humanité !

Le numérique ludique y compris tous les réseaux dits sociaux (donc ce numérique omniprésent, essentiellement californien, qui ne produit aucune valeur d'utilité réelle : FaceBook, WhatsApp, Twitter, SnapChat, YouTube, Netflix, Google, Instagram, Amazon, iTunes, LinkedIn, etc …), forme un autre monde, un au-delà du monde, dont la seule préoccupation (parce que c'est son business model) est de vous dévorer entièrement, de vous extraire du monde réel afin d'obliger le plus grand nombre possible d'humains à se connecter le plus longtemps possible et d'envoyer le plus possible de clics.

Et tout est bon pour réaliser ce triple but. Tous les moyens sont bons, même les plus abjects, même les plus nauséabonds, mêmes les plus maffieux.

Et ce sont, bien sûr, les esprits les plus faibles (donc 80% de la population) qui se font piéger, à commencer par les enfants et les adolescents, puis tous les crétins, les immatures, les acéphales, les débiles, les snobinards, les oisifs, les paumés de tous poils, … et ça en fait du (vilain) monde.

Chaque application que vous laissez s'installer dans votre monde numérique, est un gros tuyau aspirant qui veut vous voler votre vie réelle, une chaîne d'esclavage dont vous ceignez volontairement votre esprit. Le numérique ludique est la plus profonde et complète illustration et application de la "servitude volontaire" d'Etienne de la Boétie et de la "société du spectacle" de Guy Debord. Rencontre permanente entre exhibitionnisme le plus impudent et voyeurisme le plus éhonté.

Car là, tout le monde fait son show et se donne en spectacle (les selfies et les posts), tout le monde se crée une image de soi et ne vit plus que par et pour elle (et toutes ces images "individuelles" se ressemblent atrocement, tant les prototypes et les modes sont puissants).

Et puisqu'il faut absolument amplifier toutes les addictions et garder les esclaves numériques, enchaînés, l'escalade est criante en matière de messages sensationnalistes : infox, complotismes, insultes, extrémismes, abjections, … plus c'est gros, plus c'est nauséabond, plus c'est haineux, plus c'est débile … et plus ça marche.

Le sens et l'esprit critiques sont balayés : la vérité n'a plus aucun intérêt, seule le croyance (surtout si elle est invraisemblable … et très partagée) importe : il faut croire "avec les autres" et peu importe ce que l'on croit pourvu que ce soit en masse. A cette fin, les dispositifs manipulatoires abondent.

Comme l'écrit bien Eliette Abécassis : "Seules les personnes hors du temps ou les 'zombies' antisociaux ne réagissent pas au sacro-saint buzz. Ce buzz n'est rien d'autre qu'un événement ayant pris possession de notre quotidien. Sa définition s'est étendue : il ne désigne plus seulement ce qui arrive d'important ou ce qui cause une rupture dans l'ordre des choses, mais tout ce qui se produit. Absolument tout."

Il faut absolument vivre dans l'effervescence de l'événement, aussi futile et stérile soit-il comme le sont 99% des "événements" du quotidien.

Il est temps de se réveiller. De sortir de l'illusion numérique. De rejeter l'invasion des gafas et de leurs émules. Il est temps d'enfin comprendre que tout cela n'est que machine à fric sans utilité réelle.

Il est temps de casser les ailes à l'avènement du "Big-Brother" généralisé et de la zombification numérique de tous les esprits faibles …

 

Marc Halévy

Physicien, philosophe et prospectiviste

Le 21/05/2019