Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

A propos des mégo-éoliennes d'EDF et de la fumeuse "transition énergétique"

Le temps est venu de briser les processus manipulatoires qui biaisent totalement la question des consommations d'énergie et de la "transition énergétique". Il s'agit de sortir des slogans débiles et de devenir adulte en faisant face au réel.

Commençons par les Eoliennes ...

D'un point de vue thermodynamique, il faut comprendre deux choses :

  • Plus la source (ici le vent) d'énergie est à haute entropie (le vent est de l'énergie solaire très dégradée donc à très haute entropie), plus les rendement son bas et plus la quantité de ressources nécessaires pour l'exploiter est grande. Inéluctablement, sur l'année, une éolienne tourne peu et produit peu et au prix d'une technologie très sophistiquée donc très onéreuse en ressources.
  • Le rendement d'une production d'énergie électrique (qui est une ressource seconde à très basse entropie donc de haute qualité) est le rapport entre :
    • La quantité d'électricité produite au numérateur
    • Et, au dénominateur, la somme de toutes les ressources consommées et déchets et nuisances produits pour réaliser cette production. EDF s'obstine a ne prendre en compte que les ressources directes d'exploitation (entretien, maintenance, réparation, dépannage) des éoliennes et ne tient absolument pas compte des ressources, nuisances et déchets mobilisés pour fabriquer, transporter, installer (les loyers payés aux paysans pour la parcelle où est l'éolienne qui  est, en soi, un cas d'école), monter, exploiter (destruction de paysages et nuisances sonores et magnétiques, consommation de grosses quantités de terres rares pour assurer les bonnes conductivités), à démonter, démanteler et recycler ces monstres techniques.
    • Lorsque l'on tient compte de tous ces facteurs, la conclusion est évidente : la somme des quantités d'électricité produites (à très bas rendement) est de très loin inférieure à la quantité de ressources, déchets et nuisances induits par la totalité de la chaîne (par exemple, l'extraction des terres rares en Chine induit des quantités folles de déchets et de nuisances dont il n'est absolument pas tenu compte). Bref, il existe un indicateur de rendement thermodynamique global appelé TRE en francais (ERoEI en anglais pour Energy Return on Energy invest) qui est utilisé par des institutions américaines peu suspectes d'écologisme et qui montre que le rendement des méga-éoliennes du type EDF sont des gouffres (c'est beaucoup moins vrai pour les petites éoliennes domestiques dont EDF ne veut pas).

Mais alors, pourquoi donc continue-t-on à développer et installer des méga-éoliennes (et les méga-éoliennes marines dites off-shore qui mobilisent au moins deux fois plus de ressources globales pour résister à  la corrosion maritime et aux effets de tempête).

Il y a à  cela deux genres de raison :

  • Des raisons politiques :
    • EDF veut se refaire une virginité éthique" face à  une opinion majoritairement (mais sottement) anti-nucléaire.
    • EDF (en bon adepte du jacobinisme français) combat toutes les formes de production énergétique décentralisée et répartie.La politique française du "tout électrique" initiée par De Gaulle empêche les Français de sortir du piège EDF (le comble est la tendance vers la voiture électrique qui est, certes, une solution à  la pollution urbaine, mais qui est une hérésie thermodynamique tout en étant une aubaine pour les producteurs d'électricité - le gain direct en terme de consommation d'hydrocarbures est de  0.2 % sans compter les ressources dépensées pour construire les centrales supplémentaires afin de satisfaire cet énorme surcroît de demande).
    • Etc ...
  • Des raisons financières :
    • L'Etat favorise grandement ce qui est apparemment favorable à sa politique de démagogie énérgétique, et EDF en a tiré de très gros avantagesé
    • EDF fait tourner une part de l'industrie française en faisant fabriquer ses éoliennes avec la bénédiction de son actionnaire majeur : l'Etat français
    • Etc ...

La seule vraie question n'est pas de savoir comment nous allons gérer la fumeuse "transition énergétique" (qui est aussi absurde que le "développement durable" qui sous-entend une croissance infinie dans un monde fini, ce qui est une absurdité logique), mais bien de savoir comment nous allons diminuer drastiquement toutes nos consommations d'énergie (ce dont EDF ne veut évidemment pas entendre parler, attitude qui annihile et décrédibilise tous ses discours manipulatoires sur les "énergies alternatives").

Il n'y a pas d'alternative.

Examinons toutes les ressources non renouvelables stockées dans la Terre : pétrole, gaz, bitume, uranium, géothermie, etc.  Elles deviennent de plus en plus difficiles et coûteuses (en ressources) à extraire. Lorsque la quantité de ressources mobilisée pour leur extraction deviendra (dans le siècle qui vient) supérieure à  la quantité de ressources extraites, leur utilisation s'arrêtera (un bel exemple actuel : les gaz de schiste).

Le vrai problème n'est donc pas l'épuisement des ressources, mais la non accessibilité des ressources.

Lorsque tous les stocks seront devenus inexploitables, il faudra alors que l'humanité entière ne vive plus que sur les ressources renouvelables qui, au mieux, ne pourront jamais satisfaire plus que de 10 à 15 % des besoins actuels mondiaux (en tenant compte que les ressources non renouvelables devront aussi assumer les besoins des installations pour produire des ressources renouvelables). Alors ne pourront vivre décemment sur Terre que deux milliards d'humains (nous serons dix milliards en 2050).

Il convient donc, dans le siècle qui vient, de réduire spectaculairement et concomitamment la démographie humaine et la consommation de ressources, en général, et d'énergie, en particulier.

Dont acte !


Marc HALEVY, juin 2017