Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

L'idéologie marchande

"Mon optimisme est basé sur la certitude que cette civilisation va s’effondrer. Mon pessimisme, sur tout ce qu’elle fait pour nous entraîner dans sa chute" (Jean-François Brient in : "De la servitude moderne").

L'idéologie marchande[1] est un totalitarisme qui a réussi ce tour de force de transformer tous les hommes en esclaves sans qu'il n'y ait plus aucun maître. En effet, ceux qui se drapent des oripeaux du pouvoir sont autant - sinon plus - esclaves du système que ceux qu'ils dirigent.

Comme dans le film "Matrix", c'est le système qui a subjugué tous les hommes ; et ce système, c'est une logique que les hommes ont eux-mêmes enclenchée et qui les a tous phagocytés.

Le système marchand échappe totalement aux mythes gauchistes, révolutionnaires ou anarchistes mettant en scène une minorité contrôlant, à son bénéfice, la totalité des autres[2]. Cette minorité n'existe pas. La théorie du complot est une fumisterie.

Nous sommes tous, peu ou prou, esclaves d'un système qui nous dépasse, qui nous échappe, qui nous englobe, qui nous contraint et que plus personne ne contrôle, ni ne pilote, ni ne manipule. Certains - les plus malins - en profitent seulement un peu plus que les autres.

L'image qui vient est celle de la ruche où chaque abeille - même la reine qui n'est plus qu'une machine à pondre - n'est qu'un rouage de cette impressionnante logique ruchière qui s'impose à toutes sans qu'aucune n'ait ni la volonté, ni la possibilité d'y échapper.

Ce qui tuera l'idéologie marchande est la conjonction de la croissance démographique et des pénuries de ressources. Et rien d'autre. L'idéologie marchande mourra de son propre succès. Cette mort est désormais imminente.

 

Marc Halévy, 3 juillet 2011.


[1] Qui est l'expression finale, dantesque, apocalyptique de la Modernité.

[2] C'est, par exemple, la thèse implicite d'un Jean-François Brient dans son "De la servitude moderne" qui est un excellent constat mais une mauvaise analyse, parce qu'inféodée à une phraséologie anarcho-gauchiste définitivement obsolète.