Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Une affabulation nommée Jésus.

Le Jésus des Evangiles est une construction paulinienne …

J'ai beaucoup apprécié un documentaire intitulé "Jésus a-t-il vraiment existé ?" et présenté comme suit :

 

"Qui ne connait pas Jésus ? Omniprésent dans la culture occidentale, il est, pour plus de 2 milliards de Chrétiens, le fils de Dieu, sacrifié sur la croix, le messie ressuscité, sa naissance étant tellement importante qu´elle marque le point de départ de notre calendrier. Il est le personnage central du christianisme, personnage dont l´histoire a évolué en fonction du credo construit par les Églises en 2000 ans. Il faudra attendre le XVIIIe siècle et les Lumières pour que la question du Jésus historique se pose véritablement. Au-delà du discours religieux, qui était vraiment Jésus ? Un homme de chair et de sang ? Le personnage à l´origine de cette religion a-t-il vraiment existé ?"

 

Le personnage du Jésus a été inventé par Paul de Tarse, juif renégat et citoyen romain, adopté par une famille romaine patricienne.

Ce Jésus est, en fait, l'amalgame de plusieurs contestataires juifs ayant vécu entre -20 et + 50 ; une légende fabriquée et portée par la mouvance littéraire de l'apocalyptique juive (qui était politique - la fin du monde de l'occupation et de l'oppression romaines - bien plus que mystique - la fin du monde satanique).

 

Les Evangiles canoniques synoptiques sont de purs produits de la mouvance paulinienne, écrits entre 70 et 95.

L'Evangile de Jean est plus tardif et tente la synthèse entre la mouvance paulinienne et la mouvance gnostique alexandrine.

Quant aux Evangiles dits apocryphes, ils viennent de cette mouvance gnostique alexandrine qui a réinventé un "Messie" qui leur convenait à partir de "graines et bribes exotiques" venues du Judée.

 

Le personnage "Jésus" des Evangiles canoniques n'est pas originaire de Nazareth (village qui ne s'est fondé qu'au 2ème siècle), mais il était surnommé le Nazir ou le Nazaréen en allusion au naziréat juif qui était le fait de vivre en concordance avec certains vœux d'abstinence.

Il n'est pas né à Bethléem lors d'un recensement : le lien avec Beyth-Lé'hèm (la "maison du pain") est purement symbolique en vue d'établir une relation mystique avec le lieu mythique où le patriarche Jacob dressa le premier autel pour YHWH et eut la vision de l'Echelle établissant la connexion entre Ciel et Terre, entre monde divin et monde humain.

Le recensement dont il est fait allusion, a eu lieu une tout autre année, bien avant la "naissance" du Jésus évangélique. De plus, Hérode dit "le Grand", mourut en l'an 4 avant l'ère chrétienne. Le récit de la Nativité (comme celui de la danse de Salomé, de la condamnation et de l'exécution de Jean-le-Baptiste) est purement imaginaire et symbolique.

De même le récit du Jésus enfant "enseignant" les prêtres du Temple de Jérusalem est complètement ridicule : ces prêtres étaient des sadducéens extrêmement instruits et cultivés qui n'ont aucune raison d'écouter un gamin ignare et illettré d'origine pharisienne (les pharisiens formaient la faction populaire et populiste, réfractaire à l'élitisme sadducéen des milieux lévitiques - ce sont les pharisiens qui ont introduit, dans le judaïsme, les notions totalement exogènes d'une âme immortelle, d'une vie après la mort dans le monde "au-delà", d'un "jugement" des âmes, d'un paradis et d'un enfer, etc …  Toutes ces notions sotériologiques et eschatologiques sont totalement étrangères à la Torah lévitique écrite six siècles auparavant, et fondement unique du judaïsme).

 

En termes doctrinaux, le "jésusisme" était un pharisaïsme messianique mais teinté d'essénisme (via le personnage de Jean-le-Baptiste) et de zélotisme (notamment dans la scène d'expulsion violente des "marchands du temple").

 

Quant au procès, à la "passion" et à la mort par crucifixion du Jésus évangélique, on n'en trouve aucune trace, ni dans les archives romaines, ni dans les archives juives : ce genre d'exécution  était extrêmement courant pour tous les dissidents ou résistants anti-romains accusés de sédition.

De plus, les Juifs de Jérusalem ou les prêtres du Temple (le Sanhédrin) n'ont strictement rien à voir avec ce procès et cette condamnation ; il s'agit d'une simple opération de police "banale", menée par les troupes romaines. Le personnage de Caïphe est purement imaginaire, mais permet à Paul et à sa mouvance de disculper la romanité et d'affirmer son antijudaïsme (qui deviendra antisémitisme au 19ème siècle et antisionisme à la fin du 20ème siècle, jusqu'à aujourd'hui, surtout dans l'esprit de beaucoup de musulmans dont le Coran est largement inspiré de branches dissidentes du christianisme arabe comme les ébionites ou les nazoréens).

 

Et bien sûr, la "résurrection" (totalement incompatible avec l'irréversibilité du temps et le second principe universel de la thermodynamique) est une incroyable fable dont l'essence est purement symbolique : la mort physique engendre la pérennité du message.

 

Mon propos n'est pas de saper les fondements du christianisme. Mon propos est de rétablir la très étanche séparation entre des faits réels et historiques (donc étrangers à l'histoire inventée de Jésus), et les récits spirituels et symboliques, fondateurs du christianisme, et auxquels on peut adhérer, ou pas, non pour des raisons de "vérité" historique, mais pour des raisons de convictions spirituelles et/ou religieuses.

Historiquement, tout ce que l'on dit de Jésus est faux.

Il en va d'ailleurs exactement de même pour toutes les légendes transmises par la Torah : ni Adam, ni les Patriarches, ni Moïse n'ont réellement existé ; mais cela, tous les Juifs sérieux le savent bien depuis bien longtemps ; quant à David et Salomon, ils sont attestés par des écrits, mais ils n'eurent ni l'ampleur, ni l'importance que leur donne la Bible hébraïque).

Spirituellement, le message des Evangiles est affaire de croyances personnelles, aussi respectables que le message de la Torah et du Tanakh, des Védas, des Upanishads, du Tao-Té-King ou du Dhammapada.

 

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