Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Diatribe contre "l'Art".

L'Art est devenu l'industrie de l'inutile.

Il devient urgent de cesser de jongler avec le mot "Art" comme il est urgent d'en revenir à ses étymologies : en latin (Ars), c'est un "métier", celui de l'artisan, et en grec (Technê), c'est une technique, une pratique, celle du technicien.

Rien là-dedans qui n'ait à voir avec la soi-disant "esthétique", mais tout à voir avec l'usage, l'utilité, l'utilisabilité, la praticité.

 

Le divorce entre "l'artisan" et "l'artiste" a été consommé à la Renaissance lorsqu'on s'est cru devoir faire une différence entre les arts "nobles" (la décoration, l'ornementation et le spectacle et, plus généralement, les "plaisirs inutiles") et les arts vils (les arts du boulanger, du charcutier, du sommelier, de l'architecte, du maçon, du menuisier, …).

Certains arts sont devenus de l'Art parce que ce fut le bon plaisir de richissimes oisifs qui s'ennuyaient et qui voulaient égayer leurs lieux, leurs soirées, leurs platitudes.

L'Art est une distraction d'oisifs : l'œuvre d'Art concrétise la rencontre entre un fainéant qui la fait et un fainéant qui l'achète.

 

De plus, depuis qu'après la première guerre mondiale, l'Art et le Beau ont divorcé et que l'Art s'est cru "porteur de messages" au mépris du "beau" qui en avait été longtemps la colonne vertébrale, les œuvres ont sombré dans la laideur insignifiante, faites aux seules fins de l'originalité ou de la provocation … contre "ces esprits bourgeois qui ne comprennent rien à la grandeur de l'Art".

Quelle "grandeur de l'Art" ? Si l'Art n'est plus l'art du "beau", de quoi l'Art est-il l'art ?

Désolé pour ces "artistes" dont l'immense majorité est quasi analphabète et inculte, mais pour engendrer de la pensée profonde sur le monde ou sur l'homme, il est d'autres corporations infiniment plus compétentes.

 

Et l'on a pas attendu quelque barbouillage de peintre ou quelque strophe de chanteur ou quelque cul de starlette pour critiquer toutes les facettes des humains et de leurs sociétés.

S'il n'est pas utile et utilitaire, l'Art n'est que perte de temps, d'énergie et d'argent.

Et, s'il vous plaît, que l'on cesse de me bassiner avec la "création" ; la créativité n'est pas le monopole de l'Art ; très loin s'en faut ! Il y a infiniment plus de créativité dans la théorie de la relativité générale d'Einstein, dans "Ainsi parla Zarathoustra" de Nietzsche, dans la "Science de la Logique" de Hegel ou, même, dans un centrale nucléaire que dans n'importe quelle œuvre d'Art.

 

Et en plus, comme si cela ne suffisait pas, il y a les arts seconds :

  • le "design" qui est l'art de rendre inutilisable des objets bien utiles,
  • la BD qui est l'art de désapprendre la lecture,
  • le cinéma qui est l'art de faire gober n'importe quoi par des sous-cerveaux reptiliens hypnotisés,
  • la chanson qui est l'art de coller des banalités sur des mélodies primaires,
  • la danse qui est l'art de simuler de la sexualité orgiaque,
  • la mode qui est l'art de faire des vêtements débiles que personne ne portera jamais.
  • etc …

 

La pandémie et ses conséquences sur les divertissements collectifs mettent les "arts" et les "artistes" en danger, clame-t-on à droite et à gauche (surtout à gauche, d'ailleurs).

Soyons francs : que les théâtres, salles de spectacles, cinémas, salles de concert, salles d'exposition et autres lieux des snobismes métropolitains ferment (définitivement, espérons-le) et que les inutiles qui s'y pavanent pour y gagner leur vie, perdent leur sinécure, tout cela n'a aucune espèce d'intérêt.

 

Il en va de même pour les librairies qui empochent 40% du prix du livre, sans le moindre risque financier (tout y est en dépôt), alors que les systèmes en ligne permettent une livraison rapide à domicile pour le même prix (et, ce faisant, engendrent des emplois de livreurs) : qu'elles disparaissent … d'autant plus qu'elles ne vendent plus que des romans de tous genres et de toutes sortes, des "essais" dégoulinants de haine, de bobards, d'idéologies barbares ou débiles, de fake news ou de biographies de dégénérés notoires, … des BD, des mangas. … c'est-à-dire des textes (si l'on peut encore dire cela) d'une valeur d'utilité proche du zéro absolu.

 

Se divertir quant il y a urgence à construire un "autre monde", est une insulte aux générations futures.

Il n'y a pas de mot français pour traduire correctement cette grossièreté américaine appelée Entertainment … et c'est tant mieux.

Le "spectacle", sous toutes ses formes, doit être banni !

 

Marc Halévy

Physicien, philosophe et prospectiviste

Le 15/10/2020