Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

"2030 glorieuses" de Julien Vidal (Actes Sud)

Notes de lecture d'un délire écolo-gauchiste

Introduction : Pour de nouvelles croissances.

 

L'esprit écologique n'est pas d'optimiser arithmétiquement l'empreinte de chacune de ses envies, de chacune de ses actions ; l'esprit écologue est un état global d'esprit qui doit devenir "naturel" et spontané : ne rien désirer ou faire qui ne soit utile pour le Vie (sous toutes ses formes) et pour l'Esprit (sous toutes ses formes).

 

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Je ferai désormais un usage précis et très différencié des mot "écolo", "écologiste" et "écologue", en commençant par rappeler que l'écologie est une science, une branche de la biologie et de la géologie, une science qui étudie ("logie") les relations entre l'humain et son habitat ("éco").

Un "écologue" est quelqu'un qui connaît l'écologie suffisamment profondément pour adapter ses comportements afin de les mettre en harmonie profonde avec les logiques de la Vie en général et d'évolution de la planète Terre, en particulier.

Un "écologiste" est quelqu'un qui est sensibilisé à l'écologie et qui, avec beaucoup de bonne volonté mais peu de compétence, tente de vivre son quotidien le moins destructivement possible.

Un "écolo" est un idéologue de gauche qui utilise la problématique écologique pour combattre ses vieux ennemis (le libéralisme, l'autonomie, l'entrepreneuriat) et ressasser ses vieux fantômes et fantasmes pourtant totalement discrédités par l'histoire (l'égalitarisme, l'étatisme, le totalitarisme, l'autoritarisme). Comme disait l'autre, "un écolo, c'est comme une pastèque : c'est vert dehors, mais c'est rouge dedans".

 

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Il n'y a pas d'écologie réelle sans économie pour la financer, sans enseignement pour la diffuser et sans éthique pour la fiabiliser.

 

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Le problème est la transition entre une logique d'abondance (celle des 19ème et 20ème siècles) et une logique de pénurie (qui commence aujourd'hui). Cette transition n'est pas un retour à la "vie sauvage" ou à la "vie naturelle" des chevriers du Larzac, puisque l'évolution de la Vie et de l'histoire est thermodynamiquement irréversible. Cette transition implique d'énormes investissements humains et financiers, peu compatibles avec les mauvaises habitudes consommatoires des masses (qui ne demandent que "du pain et des jeux", mais en grande quantité) et mercantilistes (qui vendent n'importe quoi en n'importe quelle quantité, en ne voyant que le court-terme et en ignorant que sans ressources disponibles et accessibles, il n'y a plus d'économie possible).

 

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Il n'y a aucune antinomie fondamentale entre écologie et économie : l'économie produit ce que les marchés (c'est-à-dire vous et moi) lui demandent en transformant des ressources le plus souvent arrachées à la Nature.

L'écologie veille à ce que ces ponctions (que certains appellerons, parfois à juste titre, ces prédations) soient compatibles non seulement avec la survie, mais avec la "bonne vie" du Vivant et de ses écosystèmes.

Ce n'est donc pas l'économie qui est l'ennemie de l'écologie, mais bien les caprices et appétits humains qui exigent tout et n'importe quoi, tout de suite, en grande quantité et à petit prix.

 

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Pour combattre la pénurisation de toutes les ressources, il n'existe que deux leviers : la diminution de la quantité consommée par tête (c'est l'aspect économique) et (et non pas "ou") la diminution du nombre de têtes qui consomment (c'est l'aspect démographique).

Sur ce second point, tous les modèles sérieux convergent, la Terre ne peut porter de manière normale et durable que deux milliards d'êtres humains. En 2050, nous serons dix milliards, soit huit milliards de trop. Et il faudra descendre, si l'on ne veut pas donner raison aux collapsologues, sous la barre des deux milliards, avant 2200 au plus tard (et exercer une pression forte sur les champions de la fertilité nette : l'Afrique noire, les pays musulmans et l'Inde).

A bon entendeur …

Je sais, c'est politiquement incorrect, mais scientifiquement incontournable.

 

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Le dogme de la croissance matérielle (donc en termes de consommation et de possession) est une imbécilité monstrueuse. Il faut y substituer d'autres formes de croissance (car aucune espèce animale ne vit pour se laisser dépérir). En face de la croissance matérielle qui doit décroître, il faut place toutes les croissances immatérielles qui consomment du temps, de l'énergie mentale, de l'intelligence, de la sensibilité, etc … et qui apportent infiniment plus de Joie (au sens de Spinoza) que le soi-disant plaisir de pouvoir se goinfrer de tout et de n'importe quoi.

L'économie se fiche de ce basculement, pourvu qu'il reste une croissance de quelque chose qui pourra induire de la richesse (pas seulement financière), de la prospérité (pas seulement tangible) et de la créativité (inventer de nouveaux services dont les gens ont ou auront besoin pour vivre autrement).

 

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Nous vivons la fin du paradigme de la modernité (de 1500 à 2050), conjointement avec la fin de la civilisation de la christianité (de 400 à 2050) [voir à ce sujet tous mes autres travaux de prospective dont le dernier : "Où va l'humanité ?" – Ed. Diateino – 2021].

La modernité s'était construite sur une logique d'abondance (il faut rappeler que la population totale mondiale n'était que de 1,7 milliards d'humains en 1900) et une logique de production et de consommation de masse (c'était l'industrialisme).

Pourquoi, alors, se priver ?

Un coup d'arrêt à cet optimisme béat et infantile a été donné dès 1972 avec la publication de "The limit of growth" de Dennis Meadow (prof. au MIT) et avec la crise pétrolière enclenchée par la guerre de Kippour en 1973, celle-ci démontrant cela. Un vrai choc. Un vrai traumatisme (qui, d'ailleurs, a permis la résurgence de la judéophobie sur le mode antisioniste, surtout dans le monde musulman, mais aussi dans toute la "gauche" européenne).

Cela mettait fin aux "trente glorieuses" (de 1945 à 1975), mais pas à l'euphorie populaire qu'elles avaient enclenchée. On entra dans les "trente piteuses" (de 1975 à 2005), gauchisantes, délirantes, exubérantes, mais qui accouchèrent de la révolution numérique (produit de la contre-culture californienne, rappelons-le). Nous sommes maintenant au beau milieu des "trente merdeuses" (de 2005 à 2035) où toutes les illusions s'effondrent, même celles induites par le numérique de fait de ses dévoiements ludiques et mercantilistes.

Nous sommes en plein dans ce que les physiciens des processus complexes appellent la "zone de chaotisation" inter-paradigmatique (de 1975 à 2035).

La pandémie (qui n'en est qu'une parmi une dizaine d'autres) n'est qu'une de ses multiples manifestations, comme les dérèglements climatique et océanique, la chute de la biodiversité, les pollutions des sols, des eaux et des airs, les désertifications et déforestations, les maladies allergiques, diabétiques, auto-immunes, cancéreuses, etc … Sans parler des désordres géopolitiques, monétaires, financiers, illibéraux, normatifs, juridiques, etc …

Un nouveau paradigme doit donc émerger ; il est en train d'émerger, mais pas encore dans l'esprit des masses encore hypnotisées par le confort matériel et l'hyper-consommation. Ce nouveau paradigme devra, entre autres, optimiser la dialectique entre une économie qui nourrit et une écologie qui vit (on doit se nourrir pour vivre, mais on ne vit pas que pour se nourrir), et ce dans une logique impérative de décroissance démographique incontournable [pour les autres dimensions de ce nouveau paradigme, je renvoie à mes travaux de prospective].

 

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Le concept de "développement durable" est un parfait oxymore, voire une absurde aporie.

C'est comme une "croissance décroissante" ou "une production sans ressources" ou une "consommation sans produits", etc …

Il faut donc choisir : soit "la croissance matérielle", soit "la durabilité du vivant". Ce n'est pas un bipolarité dialectique, mais une antonymie irréconciliable.

 

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La question de fond est celle-ci : comme toute mutation paradigmatique, celle que nous vivons est foncièrement impopulaire (les masses n'ont aucune envie de sortir de leur petit confort consommatoire), mais indispensable (et pas seulement dans ses dimensions écologues). Or, la démocratie au suffrage universel (un pur produit du paradigme moderne en passe de désuétude) donne aux masses populaires, en vertu du principe de la "souveraineté du peuple", la haute main sur l'évolution des Etats et de leurs appareils législatifs et financiers, normatifs et administratifs, fonctionnaires et bureaucratiques.

Alors ?

Force est donc de remettre en cause, à la fois, le principe de la démocratie au suffrage universel sur des questions de long-terme qui passent notoirement au-dessus de la tête des masses, et le principe de l'Etat-Nation (inventé à la fin du 19ème siècle) afin de privilégier d'autres niveaux de décision (le niveau continental pour le long-terme et le niveau régional pour le vécu réel).

 

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Construire l'indispensable nouveau paradigme (et ainsi éviter l'inéluctable effondrement si tout continue comme avant) n'a rien à voir ni avec l'utopisme, ni avec quelque idéalisme que ce soit, et, encore moins, avec de la "moraline" (pour reprendre le mot de Nietzsche).

Il n'est nulle question de morale (forcément collective et conventionnelle) là-dedans, mais bien d'éthique et de conscience personnelles (ce qui demande un niveau certain d'intelligence et de culture).

Pardon pour la vulgarité du propos, mais, quoiqu'il arrive, les cons continueront à faire leurs conneries et à en être fiers.

Ce qu'il faut bien voir, c'est que toutes les grandes mutations paradigmatiques (comme le furent la destruction des cités grecques, la chute de l'empire romain, la fin du rêve carolingien ou la Renaissance) impliquent des ruptures irréversibles (comme la pénurisation de toutes les ressources matérielles) et des défis colossaux (comme celui d'entrer dans une logique de frugalité dans toutes les dimensions de nos existences).

Jamais les masses populaires n'adhéreront spontanément et délibérément à de telles ruptures et à de tels défis.

Un train, c'est une locomotive active tirant, derrière elle, une kyrielle de wagons passifs. C'est de cela qu'il s'agit. Il ne faut plus trop s'occuper des wagons (sauf à continuer d'informer, d'enseigner, de publier, …), mais il faut s'occuper activement des locomotives : les connaître, les créer, les approvisionner, les aider, les conforter, les critiquer, …

 

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Je le proclame depuis tant d'années : il faut que chacun donne du sens et de la valeur à son existence pour connaître la Joie de l'accomplissement de soi et de l'autour de soi. Il faut, pour cela, que chacun se mette au service de quelque chose qui le dépasse (et l'humain ne dépasse pas l'humain, en bonne tautologie). Aussi, sans faire appel à quelque tradition spirituelle que ce soit, le mieux et le plus simple, c'est que chacun se mette au service de la Vie et de l'Esprit au sens le plus large (et pas seulement humain) de ces termes.

L'engagement écologue est, certainement, une bonne manière de se mettre au service de la Vie (sous toutes ses formes) sur Terre.

 

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L'écologie au centre de l'attention.

 

Réduire la problématique écologue à la seule empreinte "carbone" et au seul dérèglement climatique (qui est bien plus que le seul réchauffement) est puéril. Mais c'est un bon exemple pour démarrer. Les gaz à effets de serre sont massivement produits par les centrales électriques et les usines fonctionnant au charbon et hydrocarbures, ainsi que par les moteurs thermiques (motos, voitures, camions, bateaux, avions …).

Il "suffit" donc que chacun :

 

  • ne se déplace plus ou le moins possible (le télétravail rend cela tout-à-fait possible), ou seulement lorsque cela est indispensable pour un raison grave,
  • boycotte tous les produits fabriqués dans les pays utilisant la charbon et les hydrocarbures dans les centrales et les usines.

 

Est-ce faisable ? Oui, dans des régimes autoritaires ou totalitaires (qui sont, aujourd'hui, ceux qui usent et abusent de ces sources d'énergie sale) ; non, dans les pays prônant les libres choix de vie de chacun. Alors ; dictature ou gabegie ?

Accords internationaux ? On l'a bien vu : les diverses COP ne servent strictement à rien et leurs résolutions n'ont aucun caractère contraignant.

Alors ?

 

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Le discours écologiste a l'écoute de plus en plus de gens. C'est un "discours à la mode", souvent porté par des gens sympathiques (mon ami Pierre Rabhi était de ceux-là). Mais il y a très loin de la parole à l'acte.

Cela me rappelle une expression de mon Amérique d'antan : NIMBY (Not in my back-yard). Oui, je suis d'accord avec tout ce que vous dites, mais c'est seulement bon chez les autres (qui devraient le faire), pas chez moi.

 

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Face à la globalisation des problématiques, la mondialisation des solutions n'est plus qu'une utopie moribonde. La mondialisation est morte. Le monde humain se continentalise sur des critères essentiellement historiques et culturels (Euroland, Angloland, Latinoland, Afroland, Islamiland, Russoland, Indoland et Sinoland).

Et chaque Continent (ou, à tout le moins, l'Euroland) doit devenir un réseau puissant de Régions autonomes (exit l'Etat-Nation inventé au 19ème siècle en dépit des réalités historiques et culturelles ; qu'y a-t-il de commun entre un Alsacien et un Basque, entre un Provençal et un Breton, entre un Morvandiau et un Landais ? Rien, hors une carte d'identité qui ne signifie rien).

L'Europe fédérale doit devenir suffisamment puissante, dans toutes ses dimensions, pour pouvoir allègrement boycotter les produits et les techniques des autres continents, spécialement, aujourd'hui, des trois prédateurs majeurs : le Sinoland, le Russoland et, dans une certaine mesure, l'Angloland (qui se trouvent être, comme par hasard, les trois plus gros anti-écologues de la planète).

 

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Quand donc comprendra-t-on que, dans une démocratie au suffrage universel, ce ne sont pas les dirigeants élus (des démagogues professionnels dont la seule finalité est de se faire réélire) qui ont le pouvoir, mais bien la "majorité" des électeurs (l'opinion publique), c'est-à-dire, pour la plupart, des idiots incultes et ignares qui n'attendent qu'une seule chose : "du pain et des jeux" ?

Tout le reste n'est que bavardage idéologique stérile.

 

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L'écologisme est, actuellement, une mode médiatique, politique, technique mercatique, idéologique, etc …

Mais cette mode n'a pas grand' chose à voir avec l'écologie réelle et authentique.

On adore des mots, mais on oublie les actes.

 

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L'écologisme est, actuellement, une mode médiatique, politique, technique mercatique, idéologique, etc …

Mais cette mode n'a pas grand' chose à voir avec l'écologie réelle et authentique.

On adore des mots, mais on oublie les actes.

Mais la grandes majorité des ONG écolos (dont Oxfam, Greenpeace, les "Amis de la Terre" et tant d'autres) ne sont pas plus crédibles ; au contraire, elles sombrent le plus souvent dans une idéologie gauchiste sans issue.

 

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Ce n'est jamais celui qui vend (ou essaie de vendre) quelque chose qui est coupable, c'est celui qui achète.

L'économie produit et commercialise ce qu'on lui demande.

Le responsable du développement et des méfaits de l'économie de masse, ce sont les masses.

Le "beaucoup pas cher" induit nécessairement une anti-écologie de fond. Mais qui va interdire aux masses de vouloir satisfaire ses envies et ses caprices insatiables et toxiques ?

 

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Qui est responsable de la surconsommation et de ses désastreuses conséquences antiécologiques ? L'hédonisme des masses ("du pain et des jeux", toujours plus) : c'est la demande qui tire l'offre, et non l'inverse.

Qui a le pouvoir de transformer les appétences des masses ? Collectivement : personne ; individuellement : chacun.

De plus, l'interdiction excitant l'envie et développant des marchés noirs et des économies parallèles, tout autoritarisme écolo serait contre-productif.

Il faut que l'écologisme cesse de crier haro sur le baudet et de chercher des boucs émissaires dans ses chimères écolo-gauchistes (c'est la faute au capitalisme, à l'industrialisme, au libéralisme, à l'économisme, etc …).

Répétons-le : c'est offre qui suit la demande, et non l'inverse.

 

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Quand il parle d'économie, le non-économiste ne regarde que les entreprises cotée en Bourse (le trop fameux CAC 40, notamment), ce qui représente moins de 10% des entreprises du monde. C'est la face financiariste (détestable) de l'économie et elle est en train de s'effondrer (la prochaine grande crise financière est pour bientôt, et les Etats ne pourront pas  sauver la finance – comme en 2008 –, tant leurs caisses sont vides. C'est du côté des entreprises familiales, des PME et PMI, des start-ups qu'il faut regarder pour voir que la plupart de ces boîtes sont éco-responsables et font déjà du mieux qu'elle peuvent. Oui, mais voilà : ce n'est jamais d'elles dont on parle.

 

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Le financiarisme est le cancer de l'économie entrepreneuriale et libérale.

Il doit être éradiqué.

 

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Tous les utopismes engendrent des totalitarismes.

 

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Il existe une myopie criminelle : celle de croire que le "peuple" est "bon", qu'il a du "bon sens", qu'il possède une "sagesse", qu'il chérit le "bien commun" et les "intérêts communs", …

Foutaises !!! Le "peuple", c'est 85% d'ignares égotiques, incapables de comprendre les enjeux réels à court et, surtout, à long terme des réalités politiques et économiques, exclusivement préoccupés de se garantir "du pain et des jeux" : se goinfrer et s'amuser. Notamment s'amuser à frimer avec sa plus grosse voiture, avec une plus jolie femme, avec sa plus grosse chaîne en or …

Le "peuple" ne construit jamais rien. Il se révolte quand il a moins de pain et/ou moins de jeux, ce qui permet, alors, à des démagogues de prendre du pouvoir pour imposer leur idéologie toxique (pléonasme : une idéologie est toujours toxique).

 

Exemple : 1788 en France, une grosse famine due au climat sévit. Louis XVI, l'incompétent, fait confiance à son économiste en chef : Necker (l'anti-Turgot) qui se plante copieusement. Les "émeutes de la faim" (strictement parisiennes) de 1789 mettent le feu aux poudres (par manque de pain) et conduisent un infâme démagogue nommé Robespierre à prendre le pouvoir et à instaurer la Terreur ; lui succèdera un mégalomane belliciste du nom de Napoléon Bonaparte qui mit toute l'Europe à feu et à sang.

Ce n'est pas le "peuple" qui a "fait" la révolution française ; c'est le manque de pain qui l'a déclenchée. La suite est affaire de démagogies successives jusqu'en 1871.

 

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Pourquoi, à gauche, passe-t-on son temps à diaboliser l'argent. C'est aussi idiot que de le sacraliser ou de le diviniser. L'argent n'est qu'une somme d'unités symboliques d'échange. Chacune de ces unités n'est que le symbole d'une valeur d'utilité produite par un entrepreneur qui a réussit à faire converger du travail, de la technique, du patrimoine et surtout de la volonté et du courage.

C'est cela et rien d'autre que symbolise l'argent.

Certains en ont accumulé des masses soit en travaillant beaucoup, soit en spéculant astucieusement. D'autres en manquent. La diabolisation de l'argent ne comblera pas ces manques. Comme elle n'aidera en rien l'indispensable révolution écologique qui pointe son nez.

Cette révolution écologique aura besoin d'investissements colossaux ; ce n'est pas une bonne idée de cracher sur l'argent.

 

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Les sociétés humaines sont guidées par un dipôle : un pôle quantitatif (par exemple, le pouvoir d'achat) et un pôle qualitatif (par exemple la joie de vivre).

Il est évident que le pôle qualitatif est le plus essentiel (surtout, plus que les idées de "plaisir" ou de "bonheur", l'idée de joie de vivre).

Mais cessons de faire semblant de croire que le pôle qualitatif puisse se passer du pôle quantitatif : la joie a aussi besoin de moyens !

Il est évident que l'accumulation de moyens ne compense jamais l'absence de joie. Mais ce n'est une raison pour cracher dans le soupe.

 

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En 1972, le roi du Bhoutan décida de remplacer le PIN par la BIB (bonheur intérieur brut.

Il développa donc une politique en quatre points :

 

  • le protection de l'environnement,
  • la conservation et la promotion de la culture,
  • la bonne gouvernance,
  • le développement économique responsable et durable.

 

Cela déboucha sur un règne autoritariste, des purifications ethniques, un bellicisme nationaliste et une abdication.

 

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La tolérance implique de dire que, quelque véridique soit-on, nul ne détient la "vérité" ; mais elle exige aussi de déclarer clairement faux ce qui est avéré faux.

On retrouve, là, une application du principe de "falsifiabilité" de Karl Popper.

 

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Mais d'où donc vient ce mensonge que l'humain est un "animal social" (Aristote) et qu'il a, avant tout, un impérieux besoin d'appartenance et de lien avec les autres humains.

Toute l'histoire humaine va, en sens inverse, de l'absolu besoin de se coaliser pour affronter les dangers et exploiter les opportunités, vers une émancipation et une libération de la personne dans sa privance, dans son individualisme (au sens réel et premier de quête d'autonomie).

Qu'il y ait une interdépendance au sein de réseaux particuliers, c'est indéniable (dans mon village, j'ai besoin de Yann, le boulanger, pour avoir du pain). Mais "interdépendance" concrète et pratique (alimentaire, pourrait-on dire) ne signifie nullement un irrépressible besoin d'être relié fortement aux autres humains, en général.

Chacun vit dans son monde, où se tissent des liens familiaux, amicaux ou fraternels avec quelques rares autres (un monde donc sélectif et électif), mais le reste de l'humanité n'a clairement aucun intérêt.

 

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Faire l'apologie de l'utopie et appeler cela faire de l'utopie réaliste, relève, d'abord, de l'irréalisme et donc de l'échec, et, en suite, de l'oxymore le plus aporétique qui soit.

 

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Il est affolant de lire, sous la plume des gauchistes, que notre modèle actuel (du moins dans les contrées dites démocratiques) est un modèle libéral. Le libéralisme se définit comme la construction permanente d'une autonomie personnelle et collective au sein des réseaux d'interdépendances ; il s'affirme comme l'ennemi farouche de tous les idéologismes, de tous les totalitarismes et de tous les étatismes.

A ce titre, il est évident que le modèle de notre monde du côté "démocratique" est tout sauf libéral puisqu'il est d'abord étatiste, gangréné de partout par des idéologies délétère (socialisme, populisme, écologisme, gauchisme, illibéralisme, consumérisme, égotisme, etc …).

 

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L'optimisme ou le pessimisme sont des luxes que je ne peux pas me permettre. En matière de prospective socioéconomique, une véridique lucidité suffit.

 

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Tout le leitmotiv du livre tient en ces quelques lignes :

"Oui, il y a bien un plan B à l'économie de marché. Il y en a même plusieurs et ces nouvelles perspectives seront adaptées aux territoires, régénératrices des écosystèmes , garantes des libertés; véritables véhicules de solidarité entre les peuples et les espèces."

 

L'ennemi est désigné : l'économie de marché, mais aucune alternative n'est proposée parce qu'il n'y en a qu'une : l'économie planifiée et on sait ce que cela a donné : des centaines de millions de morts en URSS, en Chine, au Cambodge, à Cuba, au Vénézuela et dans tous les autres pays communistes.

La contradiction est flagrante : détruire la liberté entrepreneuriale et économique pour "garantir les libertés". Un comble !

Le tout garni de mélasse solidariste trop connue et trop nauséabonde : "prolétaires (ici : écolos) de tous les pays, unissez-vous !".

 

Il faut le répéter et le souligner : l'économie de marché et l'écologie réelle n'ont absolument rien de contradictoire : l'économie libre produit ce que les masses lui demandent. Mais il faut le marteler : beaucoup d'entreprises – bien plus que les ménages – font de gros efforts depuis des années pour produire proprement, recycler leurs déchets, réduire leurs pollutions et optimiser leurs consommations d'énergie et de matières premières. En revanche, la plupart des ménages (la masse de gens, donc) n'ont pas cette conscience et cette fibre écologiques. "Du pain et des jeux" (en grande quantité et à bas prix), d'abord … le reste ensuite ; les masses se fichent éperdument de l'écologie (sauf en parole car elles aiment pérorer à vide), ce qui n'est absolument pas le cas des élites cultivées et aisées qui, elles, sont pleinement sur les voies écologues. Les masses, pas !

La meilleure preuve en est que la démocratie au suffrage universel relègue le candidat écolo à quelques 4% des intentions de vote.

 

Mais il y a ces fameuses "nouvelles perspectives, adaptées aux territoires et régénératrices des écosystèmes". Ah oui ? Lesquelles ? Avec quel argent ? Sous la houlette de quelle autorité ? Comment gèreront-elles leur rejet massif par le peuple ?

L'écologie vraie repose sur trois piliers :

 

  • la décroissance démographique : partout et surtout en Afrique noire, dans les pays musulmans et en Inde, descendre sous la barre des 1,7 enfants vivants par femme, afin d'être moins de deux milliards d'humains sur Terre avant 2200 (c'était la population mondiale autour de 1925) ;
  • la frugalité consommatoire : ne consommer que le strict nécessaire et éliminer tout les superflus, ne plus se déplacer, mettre les thermostats à 18°C le jour et 14°C la nuit, éliminer les conditionnements d'air, isoler les bâtiments, manger beaucoup moins (notamment de viande sauf pour les enfants en croissance), ne pas partir loin en vacances, refuser les effets de mode, user ce que l'on a, refuser le "tout jetable", réparer et recycler les outils et appareils, négliger le "joli" et favoriser l'utile, …
  • des entreprises, usines et industries "propres", économes et optimisées quant à toutes leurs consommations d'énergies, de matériels, de matières et de matériaux.

 

Bref : moins de consommateurs et moins de consommation, moins de gaspillages.

 

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Pour le dire d'un mot, le grand défi du nouveau paradigme qui émerge suite à l'effondrement en cours de l'âge moderne, c'est de mettre l'humain au service de la Vie (et de l'Esprit) et non le contraire.

Sur ce point, beaucoup sont d'accord – nous n'avons d'ailleurs pas le choix.

Le problème est de ramener les masses à ce point de vue, mases qui n'ont aucune intention de renoncer à quelque droit acquis que ce soit et qui n'ont qu'une seule obsession : "du pain et des jeux".

Il faut une prise de conscience et celle-ci ne peut se faire que dans la douleur ; la pseudo pandémie coronavirale en a à peine esquissé la possibilité.

 

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Changement de mentalité. Transformation culturelle, Saut d'état d'esprit. Oui, le voilà bien le grand défi des prochaines décennies, non pas au niveau des élites intellectuelles (ce saut est fait depuis longtemps), mais au niveau des masses et ça, c'est une autre paire de manches.

Comment faire comprendre à l'idiot dans la rue (85% de la population) qu'il doit changer de vie, pratiquer en tout la frugalité et se satisfaire du seul indispensable ?

La persuasion ? Il est trop bête pour comprendre.

La règlementation ? L'histoire montre que ça ne marche pas.

L'autorité ? Qui osera cet autoritarisme source de tous les dérapages ?

La dictature totalitaire ? ça marche encore moins.

 

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Le monde humain est constitué de huit continents. Quels sont ceux qui ne sont pas prêts à abandonner la logique antiécologique de l'abondance et de la surconsommation : l'Angloland, le Sinoland, l'Islamiland et le Russoland.

Quels sont ceux qui se posent sur les chemins écologues ? L'Euroland (surtout l'Europe du Nord : Suisse, Pays-Bas, Allemagne et Scandinavie) et le Latinoland (hormis le Brésil qui comme l'Afroland pille la Nature à tour de bras), malgré les perpétuelles et insistantes intoxications télévisuelles portées par les plateformes numériques (essentiellement américaines).

Cela fait bien peu de monde, un tout petit quart de l'humanité.

 

*

 

Il y a, derrière ces appels aux utopies et aux imaginaires "constructeurs de futurs", des relents d'existentialisme sartrien qui font fi des contraintes du Réel tant dans ses dimensions physiques que culturelles.

Et derrière cet existentialisme largement obsolète, pointent tous les dangers de tous les idéalismes qui dérivent en idéologies pour devenir totalitarismes.

Il ne s'agit pas de réinventer le monde, mais bien de se mettre à son service c'est-à-dire de participer et de contribuer à l'accomplissement et au perfectionnement du Réel qui procède de sa propre logicité et dont l'humain n'est qu'une insignifiante partie prenante.

 

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Et voilà bien le genre d'énormité que l'on trouve partout :

 

"Nous sommes en 2021. L'humanité presque tout entière vit en suivant les codes du libéralisme. La surconsommation, la compétition et la domination sociale, l'exploitation du Vivant et l'iniquité économique sont devenue la norme."

 

Il faut remettre les pendules à l'heure.

  • Le libéralisme n'est pratiqué presque nulle part ; là où ne sévissent pas des dictatures illibérales ou totalitaires, règnent l'étatisme antilibéral ou toutes les formes de corruption.
  • La surconsommation n'est un fait réel qu'en Amérique du Nord, dans les Emirats arabes, en Chine et, dans une moindre mesure, en Europe.
  • La compétition, si elle signifie la "concurrence", est un élément régulateur des marchés et est donc tout bénéfice pour les masses ; si elle signifie la "recherche de la domination", elle est le fait des Etats-Unis, de la Russie et de la Chine.
  • La domination sociale (hors les démocratures illibérales et les dictatures totalitaires, et hors les étatismes souverains) est une expression qui ne veut rien dire, sauf à sombrer dans le victimisme wokiste.
  • L'exploitation du Vivant est un fait véridique (le seul de cette litanie) et concerne aussi le minéral (les sols, les carrières, les eaux océaniques, …).
  • L'iniquité économique est une tarte à la crème fallacieuse et démagogique (aussi nommée "égalitarisme", la pire des injustices), alors que tous les rapports sérieux vont dans le même sens : les inégalités flagrantes reculent partout dans le monde développé.

 

Mais bon voilà : quand on est intoxiqué jusqu'à la moëlle par les calomnies gauchistes, les faits pèsent peu.

 

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L'humanité, c'est 15% de constructeurs et 85% de parasites. Le basculement du monde sur les voies écologues sera le fait des constructeurs ou ne sera pas.

Et les pires ennemis de ces constructeurs écologues, ce sont les écolo-gauchistes qui "s'indignent" (cfr. ce pitre de Stéphane Hessel), mais ne construisent rien.

 

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Rien ne se fait dans le futur. Mais tout se fait dans le présent, avec des germes issus du passé.

Les pires ennemis des humains, ce sont les idéalismes, les utopies et les idéologies : des projection de fantasmes sur un écran du futur qui n'existe pas.

L'avenir se construit comme il peut, avec ce qu'il peut, dans le présent héritier des matériaux du passe.

 

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Il est amusant de constater que les écolo-gauchistes d'aujourd'hui, sous bien d'autres noms, tentent de réinventer le kibboutz … qui a été un total échec tant social qu'économique.

 

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L'humanité libre est en train de devenir un entrelac, vaste et intriqué, de réseaux d'entités autonomes interdépendantes, chaque réseau étant gouverné par un projet qui lui est propre et qui fédère tous ses membres.

Ces réseaux mi-géographiques, mi-numériques, sont indépendants de toute territorialité et de toute "souveraineté" nationale. Ils signent l'arrêt de mort des Etats-Nations.

 

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Quand donc les gauchisants comprendront-ils que les humains ne sont pas du tout égaux, ni physiquement, ni mentalement, ni culturellement … et ni en droit, ni en dignité.

Chacun ne possède des droits que dans la mesure des devoirs accomplis.

Chacun ne possède de dignité qu'à la mesure de la noblesse de ses actes.

L'humain ne vaut rien par lui-même, il ne vaut que par ses œuvres.

 

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Le monde proposé par les écolo-gauchistes n'est ni écologiquement efficace, ni humainement désirable.

En revanche, un monde écologue, au service de la Vie sous toutes ses formes, est hautement souhaitable.

Malheureusement, la militance agressive des écolo-gauchistes (si bien explicitée dans "Ultra Ecologicus" comme s'intitule le livre de Marc Lomazzi) est un véritable repoussoir qui fait gravement obstacle à l'établissement du monde écologue, en révulsant les bonnes volontés positives.

 

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[Viennent ensuite trois chapitres assez anecdotiques où chacun y va de sa petite idée géniale du genre "Y a qu'à … Faut qu'on …" dont chaque paragraphe rend compte d'une rencontre avec un militant inventif et se termine par un ensemble de recommandations  en trois points : pour REGULER le monde, ENCOURAGER le bon peuple et CREER les outils idoines. Tout cela transpire le totalitarisme et l'autoritarisme face auxquels tout citoyen est prié de renoncer à toute privance et à toute propriété, et à vivre le petit doigt sur la couture du pantalon : de l'écolo-fascisme pur jus !]

 

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Et la conclusion …

 

Comme une antienne, revient l'expression centrale du monde espéré : "un mode de vie durable et solidaire".

 

Une vie n'est jamais durable hors de son sens de Vie cosmique. Tout est mortel et la durabilité de l'humanité vivante est suspendue à l'indispensable et urgente décroissance démographique. Tant qu'il n'y aura pas moins de deux milliards d'hum      ains sur Terre, aucune vie durable, ni humaine, ni animale, ni végétale, ni minérale d'y sera possible.

 

Et on ne voit toujours pas ce que l'adjectif "solidaire" vient faire dans cette galère : hors les dogmes surannés du christianisme catholique sous l'étiquette "amour et charité universels", la solidarité entre tous les humains (cette vieille et infantile chimère gauchiste) n'a jamais été, que je sache, ni une réalité, ni un rêve pour la grande majorité des humains qui, chacun, veille sur son petit monde et y déploie des trésors de tendresse, de générosité et de bienveillance, mais qui, à juste titre, se fiche comme d'une guigne, du reste de l'humanité tant qu'elle ne vient pas l'emmerder.

 

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La situation écologique globale dit que notre planète est gravement malade. C'est indéniable. Et les activités humaines sont, pour une bonne part, responsables de cette maladie. C'est tout aussi indéniable.

Comme il est indéniable que, techniquement parlant et thermodynamiquement parlant (car la vie, l'évolution, le climat, l'activité, l'énergie, les flux, la transformation des matières, … c'est cela la thermodynamique), il faut couper les ailes aux prétendus "miracles" des solutions alternatives, des énergies alternatives, du recyclage perpétuel, etc …Tout cela, les scientifiques (physiciens, chimistes, etc …) et les ingénieurs le savent depuis toujours : on ne peut rien faire avec rien et il n'y a jamais de miracles en physique. Pour produire de l'ordre, il faut détruire beaucoup d'ordre (la vie ne vit qu'en tuant la vie). Pour produire quelque chose, il faut détruire plus que l'on ne produit (un rendement de transformation, dans un milieu fermé, est toujours inférieur à un). La seule source d'énergie significative externe à la Terre est l'énergie solaire qui arrive en grande quantité, mais en piètre qualité (son entropie est beaucoup trop haute pour être utilisable) ; il faut donc la reconcentrer avec des machines (éoliennes, panneaux photovoltaïques) qui, elles, sont tout sauf renouvelables ou recyclables, et qui sont extrêmement polluantes à la fabrication, à l'entretien et au démantèlement.

 

Au risque de me répéter, le sauvetage écologique de la planète ne passe que par trois chemins conjoints :

 

  • la décroissance démographique : beaucoup moins de consommateurs,
  • la frugalité : beaucoup moins de consommation par consommateur,
  • la virtuosité : produire mieux et plus avaricieusement.

 

Tout le reste est bavardage ou idéologie.

 

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L'aveu final et suprême de l'écolo-gauchiste : "m'impliquer (…) dans le développement et la promotion des alternatives au capitalisme".

L'ennemi, ce n'est pas le je-m'en-foutisme des masses à l'égard de l'écologie ; l'ennemi, c'est le capitalisme (notion que l'on s'abstient bien de définir de façon à entretenir, fallacieusement, la confusion avec "libéralisme", "industrialisme", "financiarisme" ou "mercantilisme").

Le "capitalisme" est un de ces mots-tiroirs que s'est inventé la "gauche" pour nommer sa chimère, pour se doter d'un bouc émissaire qui n'existe pas ou, plutôt, qui rassemble et amoncelle un vaste ensemble hétéroclite de pratiques et de techniques souvent incompatibles les unes avec les autres. Mais peu importe : dès que l'on détient la "bonne étiquette" marquée "poison violent", on peut l'accoler sur n'importe quelle bouteille, peu importe ce qu'elle contient, pour que la répulsion s'opère.

 

 

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Ma conclusion finale et extrême : il faut que l'humanité fasse humilité et se mette au service de la Vie et de l'Esprit sous toutes leurs formes, par l'accomplissement et le perfectionnement de soi et de l'autour de soi, en frugalité et en virtuosité.

 

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