Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

L'Âme, clé de la Vie !

L'âme (anima et animus, en latin) n'est pas cette farce théologique que les monothéismes ont inventée. L'âme est ce qui nous "anime" au tréfonds de notre vie, au tréfonds de la Vie !

Chacun dispose d'une âme personnelle qui va le pousser à s'accomplir, toute son existence durant.

Chaque âme personnelle est une étincelle, un fragment, une manifestation de l'Âme divine et cosmique.

L'âme de chacun est sa vocation et sa mission dans le Vie, sa "bonne raison d'exister". Elle exprime ce que Dieu désire que chacun fasse de sa vie.

 

Tout ce qui existe, possède une âme, parfois très sommaire, parfois très élaborée.

Au niveau le plus bas des complexités, les objets matériels ne font que "subir" leur âme qui leur enjoint, sans esquive possible, de se plier aux Lois de la Matière.

Mais plus on monte dans l'échelle des complexités - par la Vie d'abord et par l'Esprit ensuite -, plus les capacités d'émergence sont telles que les êtres peuvent partiellement esquiver les Lois de la Matière et engendrer de nouveaux comportements.

C'est là que naît la liberté : celle de reconnaître son âme (ou pas) et de l'accomplir (ou pas). La Joie est la récompense de ceux qui la reconnaissent et l'accomplissent. La Tristesse (le désespoir, l'absurde, le vide, l'angoisse, la peur, la souffrance, l'inquiétude, …) est le lot de tous les autres.

 

L'âme personnelle n'est ni éternelle, ni immortelle ; elle s'éteint avec le corps qui la porte. La tradition juive l'appelle la Nishamah.

Elle n'est qu'une manifestation locale et temporaire de la grande et unique Âme divine qui désire et veut l'accomplissement du Réel en plénitude.

Cette âme personnelle n'a d'autre but que d'offrir, à celui qui la reçoit, une porte entrouverte vers le sens et la valeur de sa propre vie. A lui d'ouvrir ou pas cette porte. A lui, ensuite, de marcher ou pas sur le chemin qui s'ouvre derrière le seuil de cette porte. Libre à lui d'aller loin … ou de s'arrêter à l'auberge de la première étape, bien  satisfait de lui, et de s'y installer dans une confortable bien-pensance infantile.

 

Vivre, c'est contribuer à l'accomplissement de l'Âme divine, en accomplissant sa propre âme personnelle qui en est le reflet, ici-et-maintenant. Tout est lié. Vouloir et construire l'accomplissement de son âme personnelle, reflet de l'Âme divine, c'est entrer dans la Loi cosmique du Réel qui, lui aussi, est en quête de sa propre plénitude.

Chaque étant est radicalement partie prenante et intégrante du Réel-Un, toute existence participe de cette forte convergence entre le Tout et ses parties … mais à la condition expresse d'entrer dans ce jeu des correspondances spirituelles.

 

Les biotes supérieurs ont la faculté de refuser de participer à ce jeu cosmique des accomplissements mutuels ; ils peuvent s'enfermer dans une existence repliée sur elle-même, en vase clos, "hors sol". Cette existence sera stérile, morne et triste ; c'est pourtant celle qu'ont choisie la plupart des humains, poussés en cela à la fois par le goût de la facilité et de la paresse, et par le philosophisme et l'humanisme du 18ème siècle qui sévissent encore.

 

S'il veut dépasser cet "humain, trop humain" et tendre vers le "surhumain", l'homme doit sortir de l'humanisme, entrer dans un "cosmisme" spiritualiste et jouer le jeu des accomplissements mutuels avec tout ce qui existe (la modernité fait précisément le contraire et obéit scrupuleusement à la loi de Descartes qui lui enjoint d'être "maître et possesseur de la Nature").

 

Il est temps que les humains retrouvent leurs âmes dans l'Âme, leurs esprits dans l'Esprit, leurs vies dans la Vie, leurs corps dans le Matière.

Il est temps de respiritualiser et de resacraliser l'existence.

Il est temps que l'Âme réactive et anime les âmes des humains.

 

Marc Halévy

Physicien, philosophe et prospectiviste

Le 08/07/2019