Tisserand de la compréhension du devenir
Conférencier, expert et auteur

Hegel en une page

Hegel est réputé abscons tout simplement pour deux raisons : primo, on s'obstine à le lire (comme Nietzsche) avec les lunettes de la philosophie classique (métaphysique de l'être, philosophie du sujet, anti-spiritualisme, anti-monisme etc …) et, secundo, on oublie qu'il est un précurseur du processualisme et qu'il cherche à créer - souvent maladroitement et lourdement - les mots qui lui manquent. Alfred North Whitehead, plus tard, a eu le même problème, ce qui a rendu son œuvre maîtresse très indigeste.

Hegel est sans contexte un fondateur de la métaphysique du Devenir contre la métaphysique avorté de Kant et dans le sillage de la philosophie de la Nature de Schelling. Je reconnais Hegel comme mon mentor, mais un mentor nébuleux, compliqué, enfermé dans des sémiologies et des phraséologies obscures et aujourd'hui dépassées.

Il n'en demeure pas moins qu'il fut le premier à entrevoir que :

  • Tout est Un et en Devenir (monisme et processualisme, organicisme et téléologisme, émergentisme et généalogisme). [Merci Schelling].
  • Par l'intuition et la résonance entre l'esprit humain et l'Esprit cosmique (divin), la connaissance absolue est possible.
  • L'Esprit cosmique met, au centre du Tout, un principe téléologique d'accomplissement en plénitude (Entéléchie, Conatus) que Hegel appelle la "Raison universelle" ou "Raison divine" et qui englobe et enveloppe tous les projets d'accomplissement particuliers .
  • L'accomplissement cosmique suit une Logique qui est dialectique entre accompli et inaccompli, d'une part, et entre local et global, d'autre part ; il vise, selon Hegel, le double but, d'une part, d'élever l'homme vers la pensée de Dieu afin d'entrer en union avec elle (c'est le versant "religion" qu'il vaudrait mieux renommer "spiritualité") et, s'autre part, d'atteindre l'intelligence du Présent (et de la Présence) et du Réel afin de réussir une saisie conceptuelle du monde dans son unité (c'est le versant "philosophie").
  • Cette Logique dialectique cosmique n'est pas mécaniciste, mais bien constructiviste et créativiste ; elle ouvre des espaces de liberté entre les divers déterminismes qui s'y exercent.
  • L'esthétique du sublime (et non du beau, ou du spectaculaire, ou de l'original) est le résultat sensible de la créativité de cette Logique d'accomplissement à l'œuvre.
  • La morale et le droit qui la formalise, ne font rien d'autre que spécifier, pour les non-philosophes, les tenants et aboutissants du devoir d'accomplissement.
  • L'histoire des hommes n'est qu'un cas particulier de l'accomplissement cosmique : elle n'est que le reflet humain de la Logique de l'accomplissement à l'œuvre.

Marc HALEVY, 29/10/2018